2.1.4.2– La théorie de la dissonance cognitive

La théorie de la dissonance cognitive a été énoncée par Festinger (1957). La dissonance cognitive est un état psychologique qui s’apparente à celui de l’âne de Buridan. L’âne de Buridan a autant soif que faim et se trouve placé à équidistance d’un seau d’eau et d’un picotin d’avoine. Il hésite entre satisfaire d’abord la soif ou la faim. Un état similaire est traduit par Descartes (1953) parlant de la « liberté d’influence », où l’individu est placé dans une situation d’égal attrait entre deux choix.

La dissonance cognitive est une disharmonie, une incompatibilité. La dissonance cognitive est traduite comme l’état d’une personne en qui il existe des croyances, des opinions, des notions, bref des cognitions contraires ou incohérentes. Cette incohérence peut être une incohérence de rapport logique entre les cognitions, ou tout simplement une incompatibilité de contenus des cognitions. Le sujet éprouve un malaise psychologique intense.

Ce malaise psychologique s’explique, selon Festinger, par le fait que chaque individu a le souci de garder, de maintenir la plus grande cohérence interne possible. Dans la dissonance, c’est cette rupture de cohérence, de l’équilibre interne qui génère l’élaboration de nouvelles attitudes et l’abandon de certaines, du fait de la non correspondance des cognitions, qui est pénible. Pénible, parce que l’incohérence crée une tendance psychologique désagréable en l’individu. C’est dans l’objectif de diminuer cette tension que l’individu est contraint de réduire son état de dissonance.

Pour Festinger, l’état d’inconsistance est induit par le comportement du sujet lui-même, qui n’est plus dans ce cas-là un analyste, mais un acteur. En ce sens, les sujets font quelque chose qui n’est pas en accord avec certaines de leurs cognitions. Ce n’est pas une simple information qui entraîne alors cet état d’inconsistance, mais le propre comportement du sujet.

La théorie de Festinger, comme celle de Heider, a le mérite de permettre souvent d’expliquer certains phénomènes après qu’ils se soient produits. Mais, en général, ces théories ne nous permettent pas de prédire d’avance comment un individu va réagir ou se comporter dans telle ou telle situation, parce qu’il peut choisir entre plusieurs façons de rétablir son équilibre cognitif. Elles tendent, cependant, à nous démontrer que l’être humain cherche un certain équilibre, une certaine consistance logique, non seulement entre ses diverses attitudes (et leurs composantes), mais aussi entre ses attitudes et ses comportements. Aussi faut-il, pour mieux appréhender la structure des attitudes, s’intéresser aux modèles explicatifs de la structure attitudinale.