2.1.5.1 – Les sources affectives de l’attitude vis-à-vis du VIH/Sida

Elles sont redevables au conditionnement classique ou pavlovien. Cette modalité d’apprentissage vise l’établissement d’association stimulus-réponse à la suite de présentations répétées d’une paire de stimuli. L’un de ces stimuli est neutre (stimulus conditionnel : SC), tandis que le second est un déclencheur régulier (stimulus inconditionnel : SI) d’une réponse particulière (réponse inconditionnelle : RI).

Considérons la situation dans laquelle un son (SC) précède de quelques secondes l’envoi d’un fin jet d’air (SI) dans l’œil, ce qui déclenche le réflexe palpébral de fermeture de la paupière (RI) ; après plusieurs couplages des deux stimuli, l’unique présence du son déclenchera la réaction de fermeture. Cette théorie du conditionnement, élaborée à partir d’un chien célèbre qui apprit à saliver au son d’une cloche, explique plusieurs des comportements de la vie courante, en l’occurrence les comportements sexuels présumés automatiques, non volontaires, non conscients, instinctifs, pulsionnels…

Au regard des attitudes, Staats et Staats (1958) ont démontré que les mots aux significations affectives fortes peuvent produire des attitudes positives ou négatives envers un stimulus neutre, seulement par simple couplage avec ce stimulus. L’expression « Sida tue » qui depuis longtemps est employé dans les campagnes de sensibilisation et de persuasion peut générer chez des individus des attitudes favorables ou défavorables vis-à-vis de la pandémie selon que les individus ont des interprétations, considérations positives ou négatives avec le stimulus « tue ». Les sujets qui ont peur de la mort peuvent élaborer des attitudes favorables à la protection, et ceux qui n’ont pas peur de la mort des attitudes non préventives ou résistantes. L’association de la mort au Sida est, selon nous, ambiguë. Car, elle peut générer autant la résistance que le changement. Dans nos sociétés actuelles, la mort n’est pas un bon stimulus pour susciter le changement de comportement ou d’attitude, dans la mesure où elle tue au moins un individu par seconde, et elle garde une fonction naturelle et fataliste. Elle ne surprend plus et elle n’émeut plus. Toutefois, ce que nous retenons est qu’il est possible (malgré cette ambiguïté que le slogan « Le Sida tue » peut créer, susciter) de conditionner les attitudes des individus vis-à-vis du VIH/Sida par simple manipulation des sources affectives. D’ailleurs, ce processus de nos jours, sous-tend les messages communicationnels et sensibilisatifs qui mettent l’accent sur la peur de la mort et l’amour pour la vie pour susciter le changement et la consolidation des attitudes favorables chez les individus.