2.1.8- Comportement comme action

L’action de prime abord est l’objet de la praxéologie, elle désigne un agencement de moyens pour atteindre une fin ; c’est aussi la manifestation de la volonté humaine, étant admis que par « volonté » on désigne simplement la faculté qu’a l’homme de choisir, de préférer l’un des termes d’une option, de rejeter l’autre, et d’adopter une conduite conforme à la décision prise en faveur du terme choisi. L’action se décrit par deux caractères : elle est consciente, elle est efficace. Consciente, disons-nous pour abréger ; car il eût été préférable de la dire « procédant de la conscience », l’acte réflexe n’étant pas une action proprement dite : l’agent le subit comme un donné. Efficace, car exprimer des vœux, des espérances, projeter un acte, ce n’est pas agir, sauf toutefois si espoir et projet contribuent à une action exécutée. Nous pouvons induire que l’efficacité soit critère d’action. Dans certaines circonstances particulières, il peut arriver qu’une parole suffise à constituer l’action, l’oisiveté même en un sens, est l’action, car des trois termes « faire A », « faire B », « ne rien faire », chacun contribue, s’il est actualisé, à modifier le cours des événements.

L’action est donc un comportement intentionnel ; elle est réponse donnée par l’ego aux conditions de son environnement, mais c’est une réponse adaptative consciente, contrairement au réflexe ou à l’acte instinctif, qui sont des réponses adaptatives aussi, mais sans que la conscience intervienne autrement que spectatrice. Or, pour qu’un homme agisse dans une situation concrète donnée, il faut qu’il ait la puissance d’agir : il y a des présupposés de l’action humaine. Ils sont au nombre de trois, que l’on peut mettre en relief par une facile expérimentation mentale : dans un univers où l’individu serait toujours parfaitement content de son sort, aucun acte n’aurait sa raison d’être puisqu’il aurait pour effet le passage à une moindre satisfaction ; un individu existant dans un tel monde ne souhaiterait rien, ne désirerait rien, n’agirait pas. Ce qui suscite l’action, c’est donc la conscience de quelque malaise, que fera disparaître l’action. Cette première condition en appelle tout de suite une autre, car si l’individu qui ressent le malaise n’avait pas l’image d’un état différent possible, état de moindre malaise ou de plus grande satisfaction, il n’agirait pas non plus. Enfin, s’il ne se représentait pas clairement le pouvoir de son action, il n’agirait pas plus que le sage antique croyant au fatum. Conscience d’une moindre satisfaction, conscience de la possibilité d‘une satisfaction plus grande, conscience enfin d’une efficacité au moins possible de l’acte qu’il envisage, tels sont les trois présupposés permettant de définir un homo agens, tout au moins un homme capable d’agir. Le comportement sexuel auquel nous nous intéresserons dans notre étude – le port du préservatif répond d’une manière où d’une autre à ces trois présupposés, étant donné que le port du préservatif relève lui aussi de l’intention et n’est pas un comportement réflexe mais plutôt une action.