2.1.10- VIH/Sida et comportement sexuel

Les comportements individuels ont un impact à la fois direct et indirect sur la propagation de l’infection à VIH. Le comportement sexuel contribue directement à l’infection au VIH et partout dans le monde, la plupart des infections à VIH sont par voie sexuelle. La majorité des programmes de prévention du VIH/Sida tentent donc de réduire l’occurrence des comportements sexuels à risque dans les populations sexuellement actives. Les principaux facteurs déterminants de la propagation du VIH dans toutes les populations proviennent probablement de l’alliance complexe du degré et de la fréquence du multi partenariat sexuel. Certains comportements sexuels à haut risque, comme la pratique des rapports sexuels avec des professionnels du sexe ou la pratique des rapports sexuels avec différents partenaires chez les hommes, méritent aussi de nos jours une attention particulière dans la promotion de la lutte contre le Sida. Mais il est question pour nous d’attarder notre regard scientifique sur la résistance à l’usage du préservatif qui est le comportement sexuel ayant plus de risques d’infection à VIH/Sida.

Le rapport VIH/Sida et comportement sexuel est très étroit dans la mesure où les personnes les plus infectées sont celles ayant une activité sexuelle effective. Il est vrai que d’autres comportements tels que : le partage des aiguilles, la transfusion sanguine, le tatouage, peuvent aussi favoriser la contamination. Mais la proportion des personnes infectées par ces autres moyens est relativement faible en Afrique en général et au Cameroun en particulier. C’est pourquoi notre étude s’attarde sur le comportement sexuel en général et le port du préservatif en particulier. Dans la mesure où au Cameroun plusieurs stratégies sont proposées, notamment le renforcement de la promotion des préservatifs, la mobilisation des chefs religieux, et la disponibilité des préservatifs (féminins et masculins) dans les commodités offertes aux populations. Malgré ces multiples programmes sanitaires, les populations continuent de contracter le VIH/Sida. Fort de ce constat, nous nous sommes attelé à mettre en évidence les facteurs qui conduisent les populations à la résistance à l’usage du préservatif.

La prise de risque constatée est une caractéristique fondamentale des adolescents. A cet âge, les relations hétérosexuelles prennent souvent la forme d’une série de liaisons courtes mais intenses. Les résultats des études sur les profils d’activité sexuelle qui ont révélé cette tendance à passer d’un partenaire à un autre et à aborder rapidement, avec chaque partenaire, les rapports sexuels non protégés constituent l’une des causes de la vulnérabilité des adolescents.

Rodriguez-Tomé, Jackson etBariaud(1997) expliquent la prise des risques chez les adolescents par une certaine croyance fataliste ou magico religieuse. Ils croient qu’ils échapperont aux risques encourus. Nous pensons que les adolescents ont un sentiment élevé d’invulnérabilité personnelle. Selon certains auteurs, un tel sentiment d’invulnérabilité découle de l’égocentrisme de l’adolescent, autrement dit, son incapacité à envisager un évènement de tout autre point de vue que du sien propre, basé sur ses expériences personnelles immédiates. Ainsi, on peut penser que l’illusion d’invulnérabilité dérive d’engagements répétés dans des activités à risque sans qu’aucun phénomène de contagion ne s’ensuive.  Cette illusion pourrait expliquer au moins en partie, le non usage du préservatif chez les adolescents. Il semble précisément qu’il n’y aurait aucune relation entre la connaissance des risques encourus en refusant d’utiliser le préservatif et son usage effectif (Roscoe et Kruger, 1990). Autrement dit la connaissance des risques n’exclut pas la prise des risques. C’est dans cette optique qu’on peut comprendre la vulnérabilité continue des populations malgré les multiples campagnes de sensibilisation, de formation, de persuasion et de prévention. L’augmentation du taux de prévalence au VIH/Sida constatée en Afrique est la conséquence de la résistance au changement de comportements sexuel.