2.2.3.1- Approche socioculturelle

L’approche socioculturelle se fonde sur le fait qu’on ne peut pas « désocialiser » l’activité sexuelle. Elle accorde un rôle central à la construction sociale et culturelle, sans laquelle aucun désir ne peut apparaître et s’exprimer (Foucault, 1984) cité par Rwenge Mburano (1999). Ainsi, selon Foucault, les comportements sexuels et les circonstances dans lesquelles a lieu l’activité sexuelle sont déterminés par les normes et les valeurs socioculturelles en matière de sexualité. C’est l’ensemble de ces constructions idéologiques qui déterminent les circonstances du déroulement de l’activité sexuelle.  Dans ce cas, les relations sexuelles seraient spontanées et ne répondraient pas à un objectif particulier (Diop, 1995 ; Calvès, 1996). L’une des expressions de cette approche est la thèse selon laquelle l’activité sexuelle des jeunes en milieu urbain s’expliquerait par la « désorganisation sociale », la faiblesse du contrôle social ou le relâchement des mœurs. Cette thèse fait partie de la théorie générale de la modernisation, qui se fonde sur l’affaiblissement des structures traditionnelles et le relâchement du contrôle des aînés sur les cadets.  Les comportements nouveaux qui en résultent sont plus orientés vers la satisfaction personnelle et la gratification individuelle que vers la responsabilité familiale (Diop, 1995).

Le relâchement du contrôle social en matière de sexualité, dû à l’urbanisation, à l’éducation occidentale et aux changements des modes de production dans les sociétés africaines, a en effet augmenté le pouvoir décisionnel des jeunes sur le moment de, avec qui et pourquoi contracter les rapports sexuels (Bauni, 1990 ; Meekers, 1992). Cette autonomie les a entraînés à adhérer à certaines pratiques occidentales, notamment le libertinage sexuel manifesté dans les rencontres entre jeunes de sexe opposé dans les endroits où le contrôle par les aînés n’est pas assuré et où on note l’allongement du retard de leur âge d’entrée en union. Ces rencontres comme le souligne Rwenge Mburano (1999) peuvent toutefois être un support social dont ils peuvent disposer pour la connaissance des méthodes de prévention des risques associés à leur activité sexuelle et l’utilisation des préservatifs.

Des études empiriques ont été entreprises pour montrer que l’éducation sexuelle des jeunes modifie leurs comportements sexuels, dans la mesure où l’éducation sexuelle peut retarder le moment du premier rapport sexuel, réduire le nombre de partenaires et accroître l’utilisation des préservatifs (Ku, Somenstein, Pleck, 1993). Cependant, Baldo et al. (1993) observent, comme Schofield (1971), que les programmes d’éducation sexuelle à l’école seraient plus efficaces s’ils débutaient très tôt, c’est-à-dire avant la première liaison intime de l’adolescent.