2.2.3.2- Approche économique

L’Approche économique considère les jeunes comme des acteurs dits rationnels. Cette approche se fonde sur la thèse de “l’adaptation rationnelle“ selon laquelle les jeunes s’engageraient dans la sexualité pour atteindre des objectifs biens précis, précisément d’ordre économique ou social. Dans le premier cas, on peut noter les études ayant insisté sur le fait que les conditions économiques contribuent à l’engagement des jeunes dans l’activité sexuelle. Ainsi, la pratique sexuelle, la satisfaction des pulsions sexuelles peut aussi se faire chez les jeunes garçons en échange de cadeaux, d’habits, de somme d’argent ou d’un travail rémunéré en faveur de jeunes filles.

Dans le second cas, se retrouvent les études qui expliquent l’activité sexuelle des jeunes, surtout chez les filles, par le mariage et la fécondité, celle-ci étant en fait une stratégie à l’aboutissement du mariage. Nous avons montré dans une étude récente que les stimulations socioculturelles et socioéconomiques favorisent la résistance au changement de comportement sexuel face au VIH/Sida. Dans les métropoles, la sexualité est une variable économique et une véritable monnaie d’échange (Noumbissie, 2004). Cherlin et Riley (1986) distinguent deux catégories de jeunes : (1) ceux pour lesquels l’activité sexuelle répond à des objectifs autres que le mariage et la fécondité ; (2) ceux pour lesquels l’activité sexuelle répond à la fois à un objectif économique et est une stratégie de nuptialité.

Dans le premier cas, se retrouvent surtout les jeunes garçons et les jeunes filles contractant les rapports sexuels à but lucratif. Il s’agit du phénomène de commercialisation du sexe par les jeunes filles qui veulent gagner de l’argent nécessaire à la satisfaction de leurs besoins. Cette approche n’est pas cependant suffisante pour expliquer l’activité sexuelle des jeunes en milieu urbain et est très limitée parce qu’elle ne concerne que les jeunes filles. En cas de situation économique difficile, les jeunes garçons, généralement issus de mères célibataires abandonnent souvent leurs familles pour vivre dans la rue. La pauvreté de leurs familles d’origine, les sévices et l’exploitation qu’ils y subissent ne les incitent guère à y retourner. Ces jeunes sont généralement victimes des sévices sexuels d’autres jeunes de la rue ou d’autres personnes pour qui ils travaillent occasionnellement pour des raisons de survie. En revanche, en cas de situation économique favorable, certains d’entre eux peuvent s’engager dans le multi partenariat sexuel. Ce faisant, ils profitent des difficultés matérielles de certaines jeunes filles pour satisfaire au maximum leurs désirs sexuels.

Dans le second cas, la sexualité prénuptiale des jeunes vise à la fois un objectif économique et un objectif social (Feyisetan et Bankole, 1991 ; Meekers, 1995). La finalité de l’activité sexuelle peut être aussi la fécondité, celle-ci étant généralement une stratégie nécessaire à l’aboutissement du mariage. Cette attitude des filles bien qu’elle soit un véritable vecteur pour la transmission du VIH/Sida (puisqu’elle expose ces dernières à l’acte sexuel non protégé), est aussi favorisée par l’importance accordée en Afrique à la nuptialité et à la fécondité.