2.3.1.2- Les stratégies dans la prévention du VIH/Sida

Modifier les comportements sexuels reste à ce jour encore le seul moyen de lutte contre la transmission sexuelle de l’épidémie du Sida (Bajos, Bozon et Ferrand, 1998). L’évolution est lente car il est difficile de communiquer sur un concept relevant strictement de la sphère privée : la sexualité.

En effet, il est indispensable de ne pas se reposer sur les seules campagnes d’information grand public mais d’agir par des actions de proximité, des dispositifs d’écoute, des actions communautaires. La prévention fait partie des prérogatives des ONG et des Ministères de Santé et tend à se déconcentrer afin de rapprocher les décisions et l’élaboration des actions de terrain.

Il faut toujours avoir à l’esprit que modifier les comportements implique de savoir identifier les conduites à risque. De plus, renoncer à l’illusion d’un risque nul et accepter la notion d’une hiérarchisation des risques sont des idées à éclaircir lors des interventions de prévention. Chacun est susceptible de se trouver face à une situation à risque à des différents moments de sa vie et selon le type de relations sexuelles dans lesquelles il est engagé. Les acteurs de prévention se donnent pour mission d’inciter à la responsabilité personnelle. Il faut également préciser qu’il est difficile de garantir l’efficacité d’une action de prévention. Cependant, l’impact des interventions de prévention est majoré si un certain nombre de conditions sont réunies.

Toutefois, il importe de formuler des objectifs clairs et cohérents faisant l’objet d’un consensus, pouvant être étayés scientifiquement et pris en charge de manière durable. Bien entendu, pour qu’une action de santé soit efficace, il convient qu’elle ne soit pas en contradiction avec l’univers dans lequel elle s’inscrit. Enfin, toute action de prévention doit être évaluée. Cette exigence, bien que souvent difficile à mettre en œuvre, est indispensable pour adapter les stratégies d’intervention à une efficacité grandissante.

Il faut également poser la question du public auquel sont destinées les interventions de prévention. Aujourd’hui au Cameroun par exemple, les campagnes de communication du Sida sont destinées au grand public. En effet, la notion d’information destinée à des groupes à risque a été abandonnée pour éviter un renforcement des effets discriminatoires d’une part et pour combattre les effets de fausse réassurance pour le reste de la population d’autre part. En ce qui concerne les actions de terrain, le problème se pose de façon différente. En effet, les interventions, qu’elles aient lieu à l’école, dans le milieu familial ou le milieu professionnel se déroulent auprès de groupes déjà constitués. L’effort de prévention se tourne plus particulièrement vers les jeunes et les adolescents qui constituent la couche sociale la plus vulnérable. Ces jeunes constituent une cible de prévention privilégiée précisément parce qu’ils sont en train de fabriquer leurs propres représentations de la sexualité.