3.1.1– Avant la révolution behaviouriste

Au moment où apparaît le mouvement behaviouriste aux Etats-Unis, le fonctionnalisme vient insensiblement d’ébranler la plupart des fondements théoriques et méthodologiques de l’Ecole Structuraliste. Né en Europe, le structuralisme a consacré la rupture entre la philosophie et la psychologie. Wundt a établi la psychologie comme la science de la nature, lui a donné ses méthodes et a délimité son domaine d’application. La psychologie naissante est définie comme la science de l’expérience consciente. Celle-ci étant par définition inobservable de l’extérieur, la méthode d’investigation sera l’auto-observation ou introspection. Titchener, après un bref séjour en Allemagne, importe le structuralisme aux Etats-Unis. A quelques détails près, il reste fidèle à son maître allemand. L’objet de la psychologie reste l’expérience consciente et le seul moyen d’y accéder, l’introspection. Les buts de la psychologie sont inchangés : réduire les processus conscients à leurs éléments de base les plus simples, en déterminer les lois de composition et les soubassements physiologiques.

Bien que ses principaux précurseurs soient anglais, le mouvement fonctionnaliste est plus spécifiquement américain. Il procède moins d’une opposition aux thèses structuralistes que d’une sensibilité marquée à d’autres héritages scientifiques où l’influence de Darwin est prépondérante. C’est James, aux Etats-Unis, qui prépare le terrain au fonctionnalisme dont il est aussi le premier représentant. Il critique la théorie de Wundt et propose une conception différente de la conscience. Celle-ci n’est plus considérée comme un agglomérat d’éléments distincts, mais est avant tout un flot continu indissociable. Sa fonction essentielle est de favoriser l’adaptation de l’individu à son environnement. James, comme la plupart des fonctionnalistes, ne bannit pas pour autant l’introspection, mais il s’attache à en souligner les limites. Avec cet auteur, se développe en outre une autre dimension importante de la psychologie américaine contemporaine : son pragmatisme. Au niveau théorique, l’idée de base du pragmatisme est qu’une connaissance n’est vraie que si elle est utile, ou en d’autres termes : une connaissance ne peut être testée que par ses conséquences.