3.2.1.2– La résistance à la persuasion

Mc Guire (1964) a démontré que les gens peuvent être incités à résister à des influences persuasives au moyen d’une inoculation argumentaire de type réfutationnel. L’inoculation dont parle Mc Guire constitue une menace argumentaire faible à l’encontre des attitudes et des croyances initiales de l’individu dans le but de créer un potentiel de résistance à d’éventuelles attaques plus vigoureuses. Mc Guire a comparé deux méthodes d’induction de résistance : la méthode d’imperméabilisation par renforcement et la méthode d’inoculation par réfutation argumentative. Petty et Cacioppo (1986) à base du modèle de la vraisemblance d’élaboration cognitive mettent en évidence un postulat de différences individuelles dans la probabilité d’engagement des sujets à traiter attentivement l’information contenue dans les messages persuasifs. Cacioppo et Petty (1982) avaient également mis en relief un trait de personnalité qui prédispose au traitement intrinsèque du message. Mesuré à l’aide de l’échelle du besoin de cognition, ce trait renvoie à la tendance à s’engager dans les activités cognitives qu’exige un effort et à en tirer du plaisir. Or, comme le suggère la théorie de la dissonance cognitive, dès lors qu’un comportement est affirmé publiquement, la probabilité se s’engager dans un processus d’auto-persuasion est élevée, surtout s’il s’agit d’un comportement dissonant. D’où la nécessité d’appréhender la résistance à la communication persuasive face au VIH/Sida chez les adolescents par la mise en évidence des facteurs internes et externes aux adolescents.

D’une manière générale, la résistance à la persuasion est d’autant plus grande que l’attitude est enracinée dans la personnalité de l’individu, qu’elle fait partie de son identité personnelle et sociale, et qu’elle est partagée par des proches (amis, parents, voisins, frères, etc.) et des groupes de référence. L’environnement psychosocial du sujet peut ainsi inciter le sujet à la résistance, à la persuasion. Nous prenons l’exemple des professeurs de Lycée qui demandent aux jeunes élèves de s’abstenir et sont encore les premiers à les solliciter pour des rapports sexuels. Il en est de même des parents, des frères, des amis qui sont des mauvais modèles pour les adolescents, dans la mesure où ils ne mettent pas en pratique ce qu’ils recommandent aux adolescents (abstinence, fidélité, condom). C’est aussi le cas des messages de certaines ONG qui sont parfois controversés (paradoxaux). Elles prônent l’abstinence et sur leurs affiches, on voit des petites filles avec des préservatifs. La résistance des adolescents à la persuasion face au VIH/Sida peut aussi découler de la non-maîtrise des émotions et des pulsions sexuelles. Elle peut donc être individuelle.