3.2.2.3– Auto-efficacité et changement de comportement

La théorie sociocognitive de Bandura (1986) distingue trois processus fondamentaux du changement personnel : l’adoption de nouveaux comportements, leur usage généralisé dans diverses circonstances et leur maintien au fil du temps. Les croyances d’efficacité affectent chacune des phases du changement personnel : la décision de changer des habitudesde vie, la motivation et la persévérance nécessaires à la réussite pour ceux qui choisissent de le faire, la restauration du contrôle après avoir fait un faux pas, et le maintien du changement obtenu. Ces processus peuvent également conduire l’individu à une véritable résistance au changement. Pour mieux expliquer les mécanismes pouvant conduire les adolescents à une résistance à l’usage du préservatif face au VIH/Sida, il s’avère nécessaire de présenter les différentes connexions psychologiques et psychosociales y afférentes.

Le fait qu’une personne pense pouvoir se motiver et réguler son comportement joue un rôle crucial dans la décision de changer des habitudes de vie néfastes ou d’entreprendre des activités restauratrices. L’inefficacité perçue à agir préventivement pour sa santé est un obstacle trop fréquent qui mène à la résignation des personnes confrontées à des risques tels que le tabagisme ou l’obésité, alors qu’elles peuvent en fait exercer du contrôle. Mais elles ont peu de raison d’essayer si elles estiment ne pas avoir ce qui est nécessaire pour réussir. Si elles font une tentative, elles abandonnent facilement en l’absence des résultats rapides ou à la suite des rechutes.

Brod et Hall (1984) ont montré dans une étude sur l’abandon du tabac que les fumeurs qui s’estiment incapables d’abandonner la cigarette n’essaient même pas de le faire. S’ils essaient, ils abandonnent rapidement, même s’ils sont préoccupés des risques du tabac pour la santé. Il pourra en être de même des adolescents qui résistent au changement d’attitudes face au VIH/Sida. Il s’agira, dans la plupart de cas, des adolescents qui s’estiment incapables d’observer les comportements préventifs (abstinence – fidélité – condom).

Prochaska et ses collègues ont examiné dans une étude transversale le niveau d’efficacité perçue à différentes phases du changement d’habitudes (Prochaska, Di Clemente et Norcross (1992)). Ils ont trouvé que l’efficacité perçue s’élève lorsque les gens passent de l’indifférence vis-à-vis du changement d’habitudes à une sérieuse prise en compte, puis à la mise en route du changement, et enfin au maintien des changements obtenus. Les rechutes sapent la confiance des personnes en leur efficacité autorégulatrice. Celles ayant un faible sentiment d’efficacité renoncent aux pratiques préventives. De plus, si elles s’estiment incapables de gérer la douleur, elles évitent le traitement correcteur (Klepac, Dowling et Hauge, 1982). C’est dans cette perspective qu’il faut situer la résistance au port du préservatif chez les adolescents. Ils ne le portent jamais, rarement, souvent, moyennement, régulièrement.