3.2.2.4– Engagement et changement de comportement

Lorsqu’on veut obtenir d’autrui qu’il modifie ses idées ou change ses comportements, plutôt que d’adopter une stratégie reposant sur la persuasion, il est souvent plus efficace d’opter pour une stratégie, dite "comportementale", qui consiste à obtenir d’entrée de jeu des comportements préparatoires à ce changement : c’est l’engagement. Changer d’attitude, changer de comportement semble se produire lorsque les individus s’engagent dans leur choix. La théorie de l’engagement est aussi une théorie de rationalisation, c’est-à-dire concernée par les conséquences idéologiques de la réalisation d’une conduite. C’est pourquoi l’engagement est défini par Kiesler (1971) comme « la promesse faite à soi-même dans le cours de l’action ». L’auteur s’intéresse ici aux conditions dans lesquelles se déroule la conduite. C’est l’acte qui s’avère engageant et permet l’engagement du sujet. L’engagement vu sous l’angle de Kiesler (1971) peut être pris comme signifiant le lien d’un individu à ses actes comportementaux. C’est aussi un phénomène « d’adhérence » de l’acte à celui qui l’émet. Seuls nos actes nous engagent et seules les décisions s’accompagnant d’un sentiment de liberté donnent lieu à des efforts de persévération, conséquence de l’"engagement".

On peut moduler les degrés de l’engagement en jouant sur certains facteurs :

L’engagement englobe dans la plupart des cas l’équilibre entre la réactivité et le suivi du but dans un système. Il apporte une certaine stabilité au processus de raisonnement du système. L’engagement comporte pour ce faire deux parties : la condition d’engagement, à laquelle le sujet doit se tenir, et la condition de terminaison, sous laquelle le sujet rompt son engagement. Il faut toutefois préciser que les conditions d’engagement dans la plupart des cas sont les intentions. On distingue généralement trois types de sujet engagé :

Les expériences menées dans l’étude de l’engagement en psychologie sociale nous autorisent à conclure qu’on peut obtenir des adolescents qu’ils se comportent sexuellement comme on le souhaite, sans avoir recours à l’autorité, aux pressions, ni même à la persuasion. On peut donc exercer une telle influence sur les adolescents sans qu’ils n’aient à mettre en doute leur liberté sur le plan sexuel. Il faut toujours savoir que l’individu « engagé » est un individu libre ou qui se sent libre. C’est la raison pour laquelle Joule et Beauvois (1987, 1998) ont proposé, pour désigner ce phénomène, le concept paradoxal de « soumission librement consentie » qu’il est toujours bien d’explorer pour comprendre les changements ou les résistances au changement de comportement sexuel face au VIH/Sida.