3.3.4- Une psychosocialisation de la résistance au changement

Il est important de souligner que les changements individuels ou sociaux ne sont pas automatiques non plus mécaniques. On remarque dans les sociétés actuelles des résistances diverses aux changements de comportements sexuels face au VIH/Sida. Ces résistances consistent en un refus de changer de comportements sexuels ou d’habitudes sexuelles favorables à l’éclosion et à l’émergence du VIH/Sida. En psychologie sociale, il est facile d’appréhender les causes de ces résistances.

Généralement, les individus rejettent ou résistent à ce qui est perçu pour eux comme porteur de désagrément, de déplaisir. Cette consistance (plaisir/résistance) a été découverte sur le plan endogène par la psychanalyse, à partir de l’étude des mécanismes de défense. Les mécanismes de défense sont les moyens qu’utilise le Moi pour se défendre contre les pulsions du ça dont la satisfaction risque de lui apporter du déplaisir. Ces moyens permettent au Moi de contenir l’énergie pulsionnelle qui cherche à le contraindre à un accomplissement désagréable. Le Moi à travers les mécanismes de défense arrive à résister au destin de la pulsion, soit en la maintenant insatisfaite, soit en la satisfaisant d’une manière plus appropriée et moins désagréable pour lui. D’une manière ou d’une autre, les mécanismes de défense du Moi lui permettent de résister aux changements endogènes que cherche à instaurer la pulsion. Il est question pour le Moi de combattre le principe de plaisir de la pulsion pour rester conforme au principe de la réalité du surmoi. Ce processus endogène est semblable à celui qui met l’individu en rapport avec son environnement.

En effet, l’individu s’adapte à son environnement par nécessité de survie. Il crée par l’adaptation un équilibre entre lui et son environnement. C’est ainsi que se développent l’habitude, la routine, et que s’installent les schèmes comportementaux et les schèmes cognitifs de base. L’individu a ainsi tendance à éviter tout environnement qui lui cause des difficultés d’adaptation et résistera ou s’opposera à tout élément qui peut créer un déséquilibre dans sa relation avec son environnement. Ceci est dû au fait que tout déséquilibre entre l’individu et son environnement exige de l’individu un effort supplémentaire d’adaptation, ce qui est source de peine (souffrance) pour lui. Le travail adaptatif requiert de l’énergie d’adaptation. Ce qui occasionne et crée un déplaisir, un désagrément. Ce désagrément est d’autant plus accentué que le déséquilibre n’est pas justifié ni bénéfique pour l’individu. Il résulte que l’individu résiste aux changements qu’on veut créer dans son milieu. La tension psychologique est le premier signe de la rupture de l’équilibre personnel et interpersonnel de l’individu.

L’individu résiste parce qu’il a peur de subir la réprobation et la répression du groupe qui serait une raison d’un déséquilibre avec son environnement social. Les approches psychanalytiques et sociales mettent l’accent sur les variables endogènes et exogènes qui conduisent l’individu à la résistance au changement de comportement.