3.4.1- Le modèle transthéorique

Prochaska et DiClemente (1992) ont étudié le processus de changement de comportement, en examinant les différentes variables qui y sont associées et en comparant, leurs résultats avec ceux des nombreuses recherches effectuées dans ce domaine. Le grand nombre de théories développées en psychothérapie sur le changement de comportement a incité Prochaska à en faire le bilan en consultant les dix-huit théories qu’il considérait comme les plus pertinentes parmi celles qui existaient. Il a ainsi complété une analyse comparative de ces théories, parmi lesquelles se trouvaient les idées d’auteurs de grande renommée tels que Freud, Skinner et Rogers. Cette analyse a donné naissance au modèle développé avec DiClemente, qu’ils ont adéquatement appelé le modèle transthéorique du changement, également connu sous le nom de modèle des stades du changement.

Dans ce modèle, Prochaska et DiClemente (1992) ont suggéré que le changement de comportement s’effectue au cours d’une démarche constituée de différents stades ordonnés de façon chronologique, soient : la pré-contemplation, la contemplation, la préparation, l’action, le maintien et la terminaison. De plus, ils ont également identifié, à l’intérieur de ces stades, neuf procédés de changement, qui réfèrent aux différents mécanismes que les gens utilisent pour modifier leurs comportements. Ces procédés sont : l’augmentation du niveau de conscience, l’éveil émotionnel, la libération sociale, la réévaluation personnelle, l’engagement, la gestion des renforçateurs, les relations aidantes, le contre-conditionnement et le contrôle environnemental (ou contrôle des stimuli). La figure ci-dessous illustre les stades du changement et les procédés impliqués dans ce modèle.

Figure 8: Modèle transthéorique des stades du changement

Source  : Prochaska, DiClemente et Norcross (1992).

La figure 8 nous permet de comprendre que les interventions axées sur le modèle transthéorique (MTT) ont été conçues à l’aide de jalons empiriques qui se dégagent des observations susmentionnées. Ces interventions thérapeutiques se distinguent des autres formes d’intervention dans la mesure où elles associent les objectifs thérapeutiques à l’étape du changement où se trouve le client. Leur fondement tient au fait que l’étape de changement reflète des relations systématiques entre trois facteurs qui contribuent de façon non négligeable à l’évolution du client dans la voie du changement (envisager, planifier, amorcer et maintenir un changement). La disposition d’esprit du client à l’égard du changement est un important prédicateur de changement dans les premiers stades de la disposition. Elle se définit sur le plan opérationnel comme un équilibre décisionnel, par lequel le client pèse les avantages et les inconvénients liés à l’amorce du changement.

Toutefois, il est également important de préciser que les processus de changement qui sont mis en évidence et qui sont surveillés durant les étapes précédant l’action sont de nature cognitive et affective. Ils témoignent de l’exploration et de la réévaluation que fait le client de ses priorités et valeurs personnelles. En réalité, les clients qui en sont à l’étape précédant l’intention et à l’étape de l’intention sont invités à dresser un résumé de leurs problèmes afin de prendre plus clairement conscience des schèmes pertinents. Les modes de comportement sont mis en évidence au cours des dernières étapes de changement, lorsque les clients ont les ressources voulues pour conserver les gains thérapeutiques dans des situations pouvant entraîner une rechute. En général, l’auto-efficacité croit uniformément au fil des étapes. Au cours des étapes précédant l’action, l’auto-efficacité est d’abord soutenue par le thérapeute, qui renforce le choix et l’engagement du client à l’égard du changement. Quand le client passe à l’action, une rétroaction concernant les résultats permet de soutenir l’efficacité.

Dans le cadre de la lutte contre le VIH/Sida par le port du préservatif, ce modèle peut être extrêmement important pour susciter le changement de comportement sexuel et le port régulier des préservatifs. Ceci pouvait être plus sûr si le préservatif se portait pour soi. Mais il se porte dans la majorité des cas dans une activité mettant en évidence au moins deux partenaires. C’est ce qui constitue l’une des difficultés d’application de ce modèle dans le cas de la lutte contre le VIH/Sida. Néanmoins, il a été renforcé et amélioré par un autre modèle plus rigoureux et plus méthodique : le modèle en spirale des stades du changement de comportement.