3.4.5– Théories concernant le contexte des comportements de santé

De nombreux facteurs ont été identifiés par l’épidémiologie moderne, comme déterminants environnementaux du comportement : type d’emploi et statut, revenus, instruction et niveau d’éducation, répartition de la prospérité dans la société, services communautaires et services de santé et accès à ces services (Evans et Stoddart, 1994). Dans le cas du VIH/Sida, ces déterminants n’ont aucunement une influence particulière. Le VIH/Sida n’a pas une population cible bien qu’il y ait des populations à risque trop élevé. Tout le monde peut attraper le VIH/Sida. C’est la raison pour laquelle le contexte auquel nous faisons allusion est le lieu, le milieu, l’environnement, l’atmosphère, les circonstances dans lesquelles les partenaires sexuels ont leurs rapports sexuels.

Des études psychologiques et culturelles montrent que la situation socio-politique, la contrainte, l’exclusion, la discrimination, et les tabous jouent un rôle dans les choix comportementaux (Rangan et Uplekar, 1999). La difficulté qu’il y a à définir le rôle du contexte dans le comportement et dans ses changements est que les individus varient dans leur manière d’interpréter une situation donnée et de réagir à cette situation. Les déterminants environnementaux toutefois influencent directement le comportement en limitant l’accès à certaines actions, de même que par le biais des cognitions, en particulier la perception des choix de comportements qui sont disponibles.

La perspective psychoécologique permet de constater que le comportement humain est fonction du milieu. L’interaction entre l’organisme et le milieu est comprise dans sa perspective la plus courante telle qu’on la retrouve chez les interactionnistes. Pour eux, le comportement est la résultante de l’interaction organisme et milieu. D’où l’opération suivante :

Le comportement est, dans cette opération, une variable dépendante qui est fonction de l’environnement (contexte) ou de l’interaction entre les deux. La perspective psychoécologique repose sur l’idée fondamentale selon laquelle l’environnement et la personne s’influencent permanemment. C’est dans ce sillage que Barker stipulait qu’il existe « des similitudes entre les éléments du milieu et les comportements qu’on y retrouve » (Barker, 1975). Dans cette conception, l’environnement (sous la forme de relations interpersonnelles) façonne et maintient le comportement, mais les individus peuvent réagir et changer leur environnement.

D’une manière générale, les théories environnementales tendent à regarder au-delà de la volonté individuelle et rejettent à des degrés divers le souhait ou d’autres cognitions, pour se baser sur l’hypothèse que même si les attitudes interfèrent dans les réactions d’une personne à un contexte, c’est l’environnement qui influence les choix comportementaux. On dit d’une théorie générale liée au contexte qu’elle est une approche « écologique », si elle identifie des niveaux d’influence multiples et réciproques : facteurs individuels et intrapersonnels (biologie, psychologie et comportement), facteurs interpersonnels, institutionnels ou organisationnels, facteurs communautaires et de politique publique. Cette perspective donne aux éléments cognitifs un rôle relativement modeste dans le comportement de santé lié au contexte, qui est divisé en plusieurs catégories.

Les modèles structurels considèrent que le changement d’un comportement individuel est le résultat de changements dans les conditions organisationnelles à l’intérieur desquelles les individus vivent et travaillent. Le fait de changer de structure permet au changement de s’opérer. La recherche effectuée par les systèmes de santé adhère à un modèle structurel de comportement.

Le modèle « Grounded Theory », un modèle socio-structurel souvent utilisé pour étudier les différences entre les sexes en matière de santé, examine les expériences subjectives par le biais d’une recherche qualitative afin de déterminer les processus structurels et sociaux dominants qui sont responsables des plus grandes variations de comportement dans une situation donnée. Ces mêmes processus sont alors au centre des actions pour faciliter le changement de comportement des individus.

Les modèles participatifs, quant à eux, sont basés sur l’affirmation que l’aspect fondamental d’un changement continu provient d’un changement social orchestré par la communauté elle-même (George, Green et Daniel, 1996). Les études participatives s’intéressent aux programmes définis à un niveau communautaire qui mettent l’accent sur la nécessité que les différents secteurs de la société travaillent ensemble pour obtenir un changement désiré et défini par la communauté.

Toutefois, précisons que l’incitation est une stratégie essentielle pour le changement social. C’est une tentative systématique d’obtenir un soutien politique et social de la part de la population en faveur de changements liés à la santé. Elle ne propose pas de solutions individuelles mais tente de recueillir le soutien nécessaire pour réaliser des changements dans l’environnement social qui justifient ou invalident certains comportements, créant des changements dans les conditions sociales qui permettent aux individus d’adopter un comportement sain (Chapman, 2001 ; Wallack, Dorfman, Jernigan et al., 1993). La mobilisation sociale est une extension de ce principe d’incitation pour obtenir des changements dans les conditions sociales.