3.4.9- La théorie de l’action raisonnée (TAR)

Selon la théorie de l’action raisonnée, le comportement est influencé par les intentions individuelles de comportement, lesquelles sont déterminées par les attitudes envers ce comportement et les normes subjectives. La pertinence et l’efficacité de cette théorie ne sont plus à démontrer, dans la mesure où « un examen général de 87 études empiriques testant la TAR, a montré que le modèle a un pouvoir de prédiction élevé… » (Agarwal, 1999, p.88). Elle est donc une théorie explicative du comportement à travers les intentions comportementales (Fishbein et Ajzen, 1975). Un autre construit a été introduit à ce modèle, ce sont les contraintes extérieures perçues, « capables d’empêcher une personne de se comporter comme elle en avait eu l’intention » (Hellriegel et al., 1992, p.56).

Triandis reprend en 1979 la théorie de l’action raisonnée pour élaborer sa théorie des comportements interpersonnels. Il intègre à son modèle la force de l’habitude et introduit la notion de conditions extérieures à l’individu, facilitant ou compliquant l’adoption du comportement souhaité (Triandis, 1980). Le modèle postule que les intentions de comportement sont déterminées par les sentiments que l’individu a envers le comportement (affect), ce qu’il pense devoir faire (facteurs sociaux) et par les conséquences attendues du comportement. Le comportement est selon le modèle de Triandis influencé parce que l’individu a souvent fait (habitudes), par les intentions et par les conditions facilitatrices. Le modèle de Triandis a été également utilisé pour expliquer plusieurs comportements comme l’adoption des ordinateurs personnels (Thompson et al., 1991), l’adoption du WWW dans le travail (Cheung et al., 2000 ; Chang et Cheung, 2001) et l’achat sur Internet (Frini et Limayem, 2000). Et peut également être utilisé pour expliquer la résistance à l’usage du préservatif chez les individus qui pourraient résister par habitude. Toutefois, la théorie qui s’est le plus imposée dans les études sur la résistance à l’usage du préservatif et le changement de comportement sexuel face au VIH/Sida est la théorie de l’action raisonnée.

La TAR est un modèle bien éprouvé qui a fourni les bases théoriques à des interventions efficaces visant la prévention des IST/VIH (Jemmott, Jemmott et Fong, 1998) et (Fisher et Fisher, 2000). Une intervention fondée sur la TAR est centrée sur les éléments suivants :

L’intention comportementale de mettre en pratique le comportement préventif.Selon la théorie de l’action raisonnée, l’intention d’adopter un nouveau comportement exprime les croyances et les expectatives de l’individu et sa perception des normes sociales. Au lieu d’apprendre aux adolescents par exemple à « dire simplement non », les programmes qui se fondent sur cette théorie supposent que, tout en pouvant incomber à l’individu, la décision d’avoir des relations sexuelles subit néanmoins l’influence du milieu social. Bien que les adolescents puissent sembler être maîtres de leur décision d’avoir ou non des relations sexuelles, certains peuvent en fait s’y prêter, par exemple, parce qu’ils ont peur de refuser, ont besoin d’affection, craignent de chagriner leur partenaire, ou parce que l’argent ou les cadeaux qu’ils reçoivent leur sont nécessaires ou désirables. C’est pourquoi les programmes scolaires qui, aux Etats-Unis, obtiennent de bons résultats, s’efforcent de tenir compte des influences sociales, de modifier les valeurs individuelles et les normes de groupe et de renforcer les aptitudes sociales. C’est également dans cet esprit que la théorie de l’action raisonnée a été modifiée.