3.5.1.1- La motivation

Le rôle de la motivation dans la prise de décision a été étudié dans le cadre des théories de la décision, qui se proposent d’expliquer comment s’effectue le choix entre plusieurs alternatives quand il y a une incertitude sur le résultat. Les différentes conceptions qui ont été développées reposent à peu près toutes sur l’idée que la décision de choix d’une alternative dépend d’une quantité qui est une fonction multiplicative de deux paramètres : l’importance de l’alternative du point de vue des motivations de l’individu et l’espérance du gain, liée à sa probabilité, telle qu’elle est estimée par le sujet.

Dans l’application de la théorie de la décision au choix des tâches, une ligne de recherche féconde a été engagée par les travaux sur le niveau d’aspiration et d’expectation (Robaye, 1960). Ces travaux étudient en fonction de quoi varient les buts que se fixe le sujet, plus précisément le niveau d’efficience qu’il se propose et s’efforce d’atteindre. Ils accordent une place importante à deux déterminants : le niveau qu’il est souhaitable d’atteindre et le niveau qu’on peut espérer atteindre. Ces travaux se fondent sur l’idée que la décision de se consacrer à une tâche dépend de l’importance de la tâche du point de vue des motivations de l’individu et l’espérance du succès (expectancy).

Les recherches ultérieures ont tenté de préciser en fonction de quoi varie l’espérance du succès. Les théories de l’attribution développée en psychologie sociale se sont inscrites dans cette veine. Rotter (1966) a proposé la notion de locus of control en distinguant les imputations qui sont faites à des facteurs internes, qui sont sous le contrôle de l’individu, et les imputations qui sont faites à des facteurs externes, qui lui échappent. Selon cette théorie, l’espérance du succès dépend non seulement de la fréquence des succès que l’individu a obtenus, mais aussi de la croyance que les succès sont sous son contrôle.

Weiner (1984) est allé dans le même sens que Rotter (1966) mais a plutôt mis l’accent sur un facteur supplémentaire, le degré de stabilité de la cause à laquelle est imputée le succès ou l’échec : c’est la stabilité de la cause plus encore que le locus qui détermine les changements dans l’espérance du succès. Les changements dans l’espérance du succès dépendent de la stabilité perçue de la cause : si un résultat est imputé à une cause stable, il sera anticipé avec une certitude accrue dans le futur. Des résultats imputés à des causes stables se reproduisent avec plus de certitude que ceux qui sont attribués à des causes instables. Il y a donc trois dimensions dans l’imputation causale : le lieu (interne ou externe), le degré de stabilité (cause stable ou cause aléatoire) et les possibilités de contrôle qu’a l’individu. L’imputation causale est donc responsable de la résonance effective du résultat de l’action.