3.5.1.2- La propension à l’action

Une autre composante de la sélection de la tâche est l’attitude du sujet, définie par une plus ou moins grande propension à l’action. C’est une caractéristique qui dépend de facteurs individuels mais qui peut être également modifiée par des facteurs de situation. Cette notion a été développée par le courant de recherche appelé théorie de l’action. Elle provient d’une objection faite au modèle de la décision, selon laquelle les paramètres que sont la valence et l’espérance du succès ne se combinent pas nécessairement de façon multiplicative et que la fonction selon laquelle ils se combinent varie selon les tâches. Ainsi, Kuhl (1985) montre, à partir d’une étude portant sur des jeunes adolescents, que ces deux paramètres interviennent dans le choix des activités de loisir mais pas dans celui des activités routinières ou très contraignantes : c’est alors principalement la facilité de réalisation qui intervient dans le choix.

Selon Kuhl (1985), la réalisation de l’intention dépend non seulement de l’espérance du succès mais de l’attitude du sujet, qui peut être centrée sur l’action (action–orientation) ou sur l’analyse de la situation (state-orientation). Dans le premier cas, sont pris en compte à la fois les aspects statiques et les aspects dynamiques de l’intention, dans le second ne sont considérés que les états (passé, présent, futur), à l’exclusion des actions qui permettraient de changer la situation. Cette dernière attitude entraîne une oscillation entre les alternatives, permet l’intrusion d’intentions non pertinentes, liées à des tâches en attente, et empêche ainsi le passage à l’acte. Ce dernier est facilité en revanche par l’attitude orientée vers l’action, qui engendre un abaissement du seuil requis pour qu’une intention soit sélectionnée en vue d’être réalisée.

Kuhl montre également que divers facteurs contribuent à la protection de l’intention en cours de réalisation contre l’intrusion d’intentions concurrentes. Il s’agit : du fait de centrer l’attention sur les informations liées à la réalisation de la tâche et d’ignorer les autres, du fait de ne prendre en compte que l’information juste nécessaire pour prendre une décision, de la focalisation de l’attention sur les informations susceptibles d’augmenter l’attrait de la tâche choisie, ce qui renforce la motivation liée à l’intention en cours de réalisation. Après ces propos sur deux composantes de la sélection de la tâche ou de la réalisation de l’intention, présentons maintenant un modèle bien connu du passage de l’intention à l’action pour mieux illuminer notre pensée.