3.5.3.1- De l’intention d‘agir à l’action : un contexte

De nombreux facteurs ont été identifiés par l’épidémiologie moderne, comme déterminants environnementaux du comportement : type d’emploi et statut, revenus, instruction et niveau d’éducation, répartitions de la prospérité dans la société, services communautaires et services de santé et accès à ces services (Evans et Stoddort, 2004). Des études psychologiques et culturelles montrent que la situation socio-politique, la contrainte, l’exclusion, la discrimination et les tabous jouent un rôle dans les choix comportementaux (Rangan et Uplekar, 1999). La difficulté qu’il y a à définir le rôle du contexte dans le comportement et dans ses changements est que les individus varient dans leur manière d’interpréter une situation donnée et de réagir à cette situation. Ils choisissent également nombre des situations qui les influencent et aident même à créer les situations sociales (Bandura, 2001).

Les déterminants environnementaux influencent directement le comportement en limitant l’accès à certaines actions, de même que par le biais des cognitions, en particulier la perception des choix de comportements qui sont disponibles. Par exemple, ce que les adolescents envisageront de faire, en l’absence du préservatif, quand ils sont en plein rapport sexuel, sera largement déterminé par les questions d’accès à un préservatif et de communication interpersonnelle. Le comportement lui-même peut influencer l’environnement. Par exemple, les fumeurs ont tendance à s’encourager mutuellement et à créer ou maintenir un contexte favorable au tabagisme (Chen et al., 2001).

Fondée sur une combinaison de facteurs cognitifs, comportementaux et émotionnels, la théorie de l’apprentissage social, dite théorie cognitive sociale, est apparue à la fin des années 70 pour décrire les comportements. Elle propose une interaction dynamique et réciproque entre trois éléments : les facteurs personnels, l’environnement et le comportement. Dans cette conception, l’environnement (sous la forme de relations interpersonnelles) façonne et maintient le comportement, mais les individus peuvent réagir et changer leur environnement (Rollnick et al., 1999). En visant le changement du comportement, la thérapie individuelle basée sur l’apprentissage social, s’intéresse à la manière dont un individu comprend ses actions, comment il en est récompensé et comment il modèle son comportement par rapport à d’autres actions importantes. Cependant, on accorde aujourd’hui beaucoup plus d’importance au rôle du contexte, en particulier au rôle de l’organisation sociale et politique de la société dès lors qu’il s’agit de choix comportementaux et de possibilité de changement. Le contexte auquel nous faisons allusion dans notre étude renvoie à l’environnement (culturel, social, physique, émotionnel et psychologique, pacifique ou conflictuel) qui façonne les comportements des personnes et dont les modifications peuvent faciliter des changements de comportement.