3.5.3.3– De l’intention d’agir à l’action : un but

La capacité d’exercer une influence sur soi-même par le défi personnel et par la réaction évaluative à ses propres performances constitue un mécanisme cognitif majeur de motivation et de conduite de soi. Dans cette forme d’autorégulation anticipatoire, le comportement est motivé et dirigé par des buts connus plutôt que tiré par état futur flou. L’agentivité causale réside dans la prévision et dans les mécanismes autorégulateurs par lesquels cette prévision est traduite en résultats anticipés et en guides pour l’action finalisée.

La motivation basée sur des critères personnels implique un processus de comparaison cognitive de la performance perçue vis-à-vis d’un standard personnel. En conditionnant l’autosatisfaction à l’atteinte de critère, les individus donnent une direction à leurs actions et se motivent à persister dans l’effort jusqu’à ce que la performance obtenue corresponde à leurs buts. La motivation cognitive basée sur les buts ou sur les standards est médiatisée par trois types d’auto-influence, les réactions émotionnelles auto-évaluatives à la performance, l’efficacité personnelle perçue à atteindre le but et l’ajustement des critères personnels en fonction des réalisations. Les buts motivent par implication auto-évaluative les actions. Dans le cadre du port du préservatif face au VIH/Sida, les buts pouvant susciter la résistance à l’usage du préservatif correspondent au plaisir, au sentiment, à la procréation, aux convictions religieuses, aux processus de fiançailles et de mariage.

Le niveau auquel les buts créent des incitations personnelles et des guides pour l’action est partiellement déterminé par leur spécificité. Les critères explicites régulent la performance (l’action) en désignant le type et la quantité d’effort requis pour les atteindre, ils génèrent de l’auto-satisfaction et construisent l’efficacité personnelle en fournissant des signaux de révolte personnelle dépourvus d’ambiguïté. Par contre, des intentions générales, imprécises au sujet du niveau à atteindre, ne constituent pas une base solide pour réguler les efforts de la personne ou pour évaluer ses capacités. Des études ont montré que des buts clairs et accessibles produisent des niveaux de performance plus élevés que ne le fait une intention vague de faire son mieux, ce qui n’a habituellement que peu ou pas d’effet (Bandura et Cervone, 1983). Les buts spécifiques de performance servent à susciter la motivation chez les personnes qui en manquent et à favoriser des attitudes positives envers les activités (Bryan et Locke, 1967)