3.5.3.7– De l’intention d’agir à l’action : des antécédents

Une étude de Taylor et Todd (1995) a porté sur la théorie de l’action planifiée dans le contexte spécifique des systèmes d’information. Ces auteurs sont partis de la littérature existante afin de décomposer les antécédents de l’attitude, des normes subjectives et de la perception du contrôle. Leurs résultats démontrent que les antécédents qui déterminent la variable d’attitude sont la perception de l’utilité, la perception de la facilité d’utilisation et la compatibilité. En ce qui concerne les normes subjectives, ce serait l’influence des pairs et l’influence des supérieurs hiérarchiques qui prédomineraient. Finalement, l’auto-efficacité, les conditions facilitateurs au niveau des ressources et de la technologie sont considérés comme les facteurs déterminants la perception du contrôle sur le comportement.

Cette étude montre très bien que les antécédents exercent une influence non négligeable sur la formation des attitudes, des normes subjectives, du contrôle comportemental perçu et des intentions. Notre regard sur les antécédents de l’action, ne se limite pas uniquement au niveau de la formation des attitudes. Il porte sur les incidences rencontrées pendant une action précédente. Il veut montrer que ces incidences modifieraient l’élaboration mentale préexistante par rapport à l’action et influenceraient par ricochet la réalisation future de l’action. Les individus ayant rencontré des difficultés dans la réalisation d’une action se serviraient de ces difficultés au moment de la réalisation future de l’action soit en évitant les facteurs ayant conduit à ces difficultés soit en les rayant de leur sphère cognitive et mentale.

De la kyrielle des études menées sur l’influence des antécédents du comportement sexuel, sur le comportement sexuel futur, force est de constater que les enfants qui ont subi des sévices sexuels ont souvent, durant leur adolescence et à l’âge adulte, un comportement sexuel qui leur fait courir le risque de grossesse non souhaitée et d’infections sexuellement transmises. Selon certains chercheurs, le comportement sexuel dangereux des victimes de sévices représente une tentative pour assumer le contrôle ou la maîtrise d’une expérience enfantine dont ils sont sortis avec l’impression d’avoir été violés et privés de pouvoir. D’autres notent que l’expérience de l’inceste et de sévices sexuels peut rendre difficile pour les victimes de nouer des rapports intimes sains.

De la même manière, les victimes de sévices sexuels durant leur enfance semblent risquer plus que leurs camarades de tomber enceintes durant leur adolescence. Au début des années 1990, des études effectuées aux Etats-Unis ont constaté une association uniforme entre sévices sexuels durant l’enfance et grossesse d’adolescentes. Les études ont également trouvé un lien clair et constant entre une victimisation sexuelle précoce et une série de comportements à risques, y compris une initiation sexuelle précoce, la toxicomanie et l‘alcoolisme, la multiplicité de partenaires sexuels, et un moindre recours à la contraception.

Plusieurs études ont lié des antécédents de sévices sexuels à la vente du corps contre de l’argent ou des drogues. Par exemple, des chercheurs de Rhode Island, aux Etats-Unis, ont constaté que les hommes et les femmes qui avaient été violés ou contraints d’avoir des rapports sexuels durant leur enfance ou leur adolescence risqueraient quatre fois plus de s’être prostitués que ceux qui n’avaient pas été maltraités. Ils avaient aussi deux fois plus de chance d’avoir de multiples partenaires sexuels durant une année et d’avoir des rapports sexuels de rencontre (rapport sexuel occasionnel).

Ces études montrent d’une manière ou d’une autre que les antécédents, les expériences vécues exercent une influence remarquable sur le comportement sexuel futur. Il est clair que les chercheurs ont accordé leur attention dans l’examen de la relation antécédent /comportement futur aux sévices sexuels, aux contraintes et viols. Nous nous inscrivons dans la même veine, cependant, nous nous attardons sur les expériences sexuelles conscientes ou volontaires des individus par rapport au port du préservatif et à l’acte sexuel protégé ou non protégé. Et nous pensons qu’une mauvaise expérience avec le port du préservatif (le préservatif s’est percé, est sorti, a ralenti l’activité sexuelle, a affaibli sexuellement le sujet, etc.) et avec l’acte sexuel (l’acte sexuel protégé a procuré peu ou pas de plaisir, etc.) peut générer la formation des mécanismes de défense (rationalisation, refoulement, évitement) qui rendront les individus extrêmement opposés au port du préservatif malgré la connaissance des risques courus.