4.2- Présentation et justification de la méthode retenue

L’enquête est un des instruments les plus largement utilisés par les psychologues sociaux et les sociologues. Il est difficile de parler de l’enquête en général, non seulement parce qu’il en existe différents types, mais surtout parce que sa pratique exige le recours à différentes techniques, qui soulèvent chacune des questions spécifiques : méthodes de sondage, entretiens libres, échelles d’attitudes, analyse de contenu, analyse statistique, etc. Il n’y a donc pas de « théories des enquêtes », mais un ensemble de questions théoriques, épistémologiques, méthodologiques très divers comme le précisaient Ghiglione et Matalon (2004).

Réaliser une enquête, c’est interroger un certain nombre d’individus en vue d’une généralisation. Etant donné qu’il s’agit avant tout d’interrogation, l’enquête se distingue à la fois de l’observation, où l’intervention du chercheur essaie d’être minimale, et de l’expérimentation, où le chercheur, au contraire, crée et contrôle la situation dont il a besoin.

Ensuite, prenant comme unité d’observation, et donc d’analyse, des individus, l’enquête se distingue des différentes méthodes scientifiques qui portent directement sur des unités plus vastes. Enfin, il s’agit d’interrogations en vue d’une généralisation : ce ne sont pas les individus dans ce qu’ils ont de personnel qui nous intéressent, comme c’est le cas dans un entretien - diagnostic ou un entretien d’embauche, mais la possibilité de tirer de ce qu’ils disent des conclusions plus larges. Une enquête consiste donc à susciter un ensemble de discours individuels, à les interpréter et à les généraliser. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Ghiglione et Matalon (2004, p.15) la définissaient comme « une interrogation particulière portée sur une situation comprenant des individus et ce, dans un but de généralisation ». Cette interrogation est à but de vérification d’une hypothèse ou d’un corps axiomatique dont l’hypothèse est le produit. L’enquête consiste à interroger des gens et à susciter des réponses aux questions ou de manière plus précise à «recueillir des données verbales auprès de groupes ou échantillons de sujets choisis en fonction d’objectifs précis, dans le but de décrire et d’analyser une situation particulière »(Moser, 1998, p. 257).

L’enquête est aujourd’hui un des instruments privilégiés de la recherche en sciences sociales, dans la mesure où l’enquête apparaît effectivement dans certaines conditions (le port du préservatif) comme le seul moyen d’obtenir certaines informations. Egalement, le recours à l’interrogation est nécessaire chaque fois que l’on a besoin d’informations sur une grande variété de comportements d’un même sujet, comportement dont l’observation directe, même si elle était possible, demanderait de temps, ou serait complètement impossible parce qu’il s’agit du passé.

On recourt encore à l’enquête lorsque l’observation directe de certains comportements supposerait une véritable intimité souvent pratiquement impossible et inacceptable d’un point de vue déontologique. Il ne reste alors qu’à se contenter des descriptions, des récits, que les sujets enquêtés voudront bien faire en réponse à nos questions. On est obligé de recourir également à l’interrogation pour saisir des phénomènes tels que les attitudes, les intentions, les opinions, les préférences, les représentations, etc., qui ne sont pratiquement accessibles que par le langage, et qui ne s’expriment spontanément que rarement.

Dans une étude qui porte sur le déroulement de l’acte sexuel, l’intention, l’attitude, la résistance à l’usage du préservatif, les variables intermédiaires entre l’intention et l’action, le recours à l’enquête s’avère impératif. C’est la raison pour laquelle nous portons notre dévolu sur l’enquête. Par ailleurs, l’enquête est une technique relativement simple à appliquer et apparaît nécessaire chaque fois que ce qui nous intéresse ne relève pas de mécanismes de portée générale, mais de phénomènes tels qu’ils se produisent à un moment donné, avec toute leur complexité.