4.6.1- Présentation et justification du type d’instrument retenu

Le chercheur doit se rassurer que l’instrument de collecte des données qu’il se propose d’utiliser lui permet de mesurer ce qu’il prétend mesurer. C’est en ce sens que Charles repris par Grawitz (1970, p.603) déclare qu’ « on étudie le fond de la mer avec une sonde. Si celle-ci ramène de la vase c’est que le fond est vaseux. Si elle ramène de la boue, c’est que le fond est boueux. Si elle ne ramène rien c’est que la ficelle est trop courte ». Le questionnaire étant l’instrument par excellence de collecte des données en psychologie sociale, notre choix s’est porté sur lui. Cependant, ce choix n’a pas été arbitraire.

Pour Delhomme et Meyer (2003, p.197), le questionnaire est la technique la plus coutumière dans les recherches en psychologie sociale. Le questionnaire est une suite de questions standardisées destinées à planifier et à faciliter le recueil de témoignages verbaux. Chaque participant ou chaque groupe de participants, répond à la même question. Les réponses sont pour la plupart contraintes par un format de réponses fixé d’avance (échelles, choix entre plusieurs alternatives, classements, etc.). Le questionnaire s’impose d’abord pour ses vertus pragmatiques comme la rapidité d’administration et l’accès quasi immédiat aux calculs. Il sert diverses méthodes d’acquisition de connaissances à titre de mesure principale ou secondaire. Premièrement, c’est l’outil principal, voire unique de l’investigation comme dans les enquêtes et l’expérimentation utilisant des échelles d’attitudes ou de personnalité. Deuxièmement, le questionnaire est un outil complémentaire pour enrichir avec des témoignages verbaux une investigation principale fondée souvent sur l’observation de comportements. Toutefois, avant de choisir d’utiliser un questionnaire à un titre ou à un autre, il est nécessaire de s’interroger pour savoir s’il va permettre d’atteindre les objectifs de la recherche que l’on s’est fixés.

Le questionnaire correspond par excellence, à la phase quantitative d’une enquête. Il comporte une série de questions ouvertes ou fermées. C’est un outil qui est prescrit chaque fois que l’objet d’étude est cerné et précis. Le questionnaire, contrairement à l’entretien, nous permet de recueillir les informations sur le terrain pendant une durée moins longue. En plus, il nous offre un instrument facile à manipuler et de moindre coût sans nécessiter des appareils d’enregistrement.

Le questionnaire est réservé aux domaines bien circonscrits, concernant des faits ou des opinions ne relevant pas de problèmes, d’attitudes ou d’opinions ambiguës ou complexes. En tant qu’outil d’enquête standardisé dans la forme des questions et le plus souvent préformé dans les réponses, le questionnaire restreint considérablement le choix des réponses et donc le type d’informations recueillies. Son intérêt est dans la consultation d’un grand nombre de participants. Il permet aisément les traitements statistiques. Il est également important de préciser tout comme Eymard (2003, p.139) qu’ « un questionnaire n’a pas pour but de renseigner sur ce que les gens font, mais plutôt sur ce qu’ils déclarent faire ou sur ce qu’ils pensent faire ». C’est un outil qui appréhende la perception des participants sur leur faire et non le faire directement. Si vous vous intéressez à ce que font les participants, préférez-lui l’observation directe (Eymard, 2003). C’est une nuance importante, et qui n’a rien à voir, avec la confiance que le chercheur ou l’enquêteur donne au participant en ce qui concerne « la sincérité de ses réponses » (Grawitz, 1993). Le questionnaire, rappelons-le, n’a pas seulement des avantages, il a aussi des inconvénients.

Le questionnaire écrit ne donne aucune garantie que c’est la personne visée et elle seule qui y a répondu, sauf si l’enquêteur est présent lors de la passation. De même en ce qui concerne la spontanéité, le questionnaire n’est pas l’outil le plus performant. Le répondant a la possibilité de lire l’ensemble du questionnaire avant de se lancer dans les réponses. Il peut aussi prendre le temps qu’il souhaite pour chaque question. Certaines personnes répondront en quinze minutes ou moins, d’autres le feront en plus de quinze minutes ou sur plusieurs jours. Si vous souhaitez cependant obtenir des réponses spontanées, il vous reste à organiser des modalités de passation qui y seront favorables : temps délimité et présence de l’enquêteur. A une question complexe ou gênante, l’enquêté peut ne pas répondre ou le faire de façon vague ou biaisée. Se pose alors le problème des non-réponses à une question. Le questionnaire que nous allons utiliser dans ce travail contourne tous ces obstacles et se plie aux exigences et recommandations scientifiques requises.