4.6.3.1- Le questionnaire administré au « Temps 1 »

Ce premier questionnaire comporte largement des échelles d’attitudes et des échelles numériques pour évaluer la fréquence du comportement sexuel antérieur. Selon Ghiglione et Matalon (2004, p.227), mesurer une attitude « C’est se donner la possibilité d’ordonner tous les individus étudiés selon qu’ils sont plus ou moins favorables à un objet, ou, plus généralement, qu’ils présentent plus ou moins une certaine tendance. » Ainsi, construire une échelle d’attitude, poursuivent-ils, c’est poser des questions dont les réponses permettent d’ordonner les participants selon qu’ils sont plus ou moins favorables.

Les échelles numériques nous ont servi pour mesurer la fréquence des rapports sexuels protégés ou non protégés de nos participants durant les trois derniers mois précédant le jour de l’enquête. Dans ce type d’échelle, soulignent Eymard (2003, p. 146) : « le chiffre utilisé a une valeur numérique et permet de faire des calculs numériques (addition, moyenne) ». Par exemple, à la question de savoir si les participants avaient précédemment eu des rapports sexuels non protégés, il était possible de trouver la différence entre le nombre de rapports sexuels protégés qu’il a eus pendant les trois précédents mois et le nombre de rapports sexuels protégés qu’il a déclarés.

Pour mesurer les attitudes, l’échelle d’attitude à sept niveaux inspirée du modèle de Likert (1933) nous a paru appropriée pour nos mesures. Elle consiste à formuler une phrase affirmative à propos de laquelle le participant donne son opinion en se positionnant sur l’échelle des réponses proposées. Pour éviter de postuler l’équivalence entre les questions, il est conseillé d’attribuer à chaque réponse un « poids » différent, et caractériser chaque participant par la somme des poids des réponses qu’il a données. L’attribution de poids aux réponses et la composition additive de ces poids, caractérisent la méthode de Likert. C’est dans cette optique que Daval et al. (1967, p.215), en évoquant le principe des échelles d’attitudes, disent que : « l’ensemble des réponses est pré-structuré, les notes numériques attribuées à chaque type de réponse ne concernent en rien l’individu interrogé : c’est l’expérimentateur qui assigne à l’avance une note à une réponse, réservant les notes les plus élevées aux réponses qui sont « le plus en faveur de l’attitude » considérée ; les notes les plus basses aux réponses les plus défavorables, la note moyenne à la réponse hésitante qui n’ose pas bousculer vers l’un ou l’autre des deux extrêmes ».

Dans la méthode de Likert, on suppose que l’attitude existe, c’est-à-dire que les participants sont ordonnés, selon qu’ils sont plus ou moins favorables à l’objet étudié. Si les questions se rapportent bien à l’attitude en question, les probabilités pour qu’un participant donne la réponse favorable à chaque question particulière seront d’autant plus fortes qu’il sera lui-même plus favorable. Le modèle suppose donc que la probabilité de la réponse favorable à une question croît de façon monotone en fonction de l’attitude sous-jacente des participants. Devant un ensemble de questions qu’on suppose se rapporter toutes à la même attitude, il faut donc vérifier que les réponses recueillies sont bien conformes au modèle. C’est cela qui constituera le critère de cohérence nécessaire pour admettre que les différentes questions peuvent intervenir dans la même échelle.

Le modèle de Likert justifie également une composition additive des réponses. En effet, on voit qu’une personne très favorable a une forte probabilité de donner un grand nombre de réponses favorables. Inversement, une personne ayant donné plusieurs réponses favorables a une probabilité élevée d’avoir une attitude favorable. Le nombre de réponses favorables ou, éventuellement, une combinaison plus complexe constituera donc un bon indicateur. La méthode proposée par Likert consiste à utiliser une mesure provisoire de l’attitude, en prenant comme estimation le nombre de réponses favorables.

Dans la démarche de Likert, les questions sont parfois indépendantes les unes des autres, et en plus, un même poids (score) peut être établi par sommation de réponses élémentaires différentes. Afin de contourner cette difficulté, Likert propose d’établir la preuve préalable de l’homogénéité de l’échelle, puisque, pour que la totalisation des notes élémentaires ait un sens, il faut que les items soient homogènes, c’est-à-dire, relèvent de la même dimension. La méthode proposée consiste à vérifier pour chaque item (i), la corrélation qui devrait se manifester pour l’ensemble des participants entre leur note à cet item et leur score à l’ensemble de l’échelle, si l’ensemble des items est homogène. Cette méthode de Likert demeure la plus utilisée dans les problématiques de comportement planifié d’Ajzen, elle présente, en effet, une grande facilité d’utilisation même si ses fondements théoriques et épistémologiques paraissent fragiles.

Notre échelle est calquée sur le modèle généralement utilisé dans les études d’Ajzen sur l’intention. Nous allons l’illustrer à partir de l’échelle ci-dessous, que Ajzen (2006, e-test) a pris en guise d’initiation à la construction d’une échelle relative à la théorie du comportement planifié. L’exemple porte sur une promenade sur un « treadmill » pendant au moins trente minutes chaque jour durant les quatre prochains mois.

Le comportement antérieur :

Please estimate how often you have walked on the treadmill for at least 30 minutes in the past month. Check the interval on the following scale that best represents your estimate.

l’attitude envers le comportement

For me to walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forth coming month is:

Les normes subjectives

Must people who are important to me think that:

walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forth coming month.

It is expected of me that I walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month:

The people in my life whose opinions I value would

of my walking on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month

Le contrôle comportemental perçu

For me to walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month would be:

L’intention

I intend to walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month

I will try to walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month

I plan to walk on a treadmill for at least 30 minutes each day in the forthcoming month

Source: ICEK Ajzen (January, 2006, e-test).

Notre questionnaire comporte des questions sur l’identification (sexe, tranche d’âge, établissement, classe, numéro d’ordre alphabétique et le statut sexuel du participant) et quinze échelles parmi lesquelles trois portent sur le comportement sexuel antérieur ; trois sur l’attitude envers le port du préservatif ; trois sur les normes subjectives envers le port du préservatif ; deux sur le contrôle comportemental perçu, et quatre portent sur l’intention vis-à-vis du port du préservatif. Le tableau de congruence ci-dessous apporte quelques précisions sur le contenu du questionnaire.

Tableau 6 . De congruence du questionnaire administré au « Temps 1».
Tableau 6 . De congruence du questionnaire administré au « Temps 1».