4.10.2- L’analyse de contenu : le contenu sémantique des catégories

L’analyse de contenu est utilisée pour traiter les données d’un entretien (non directif, semi-directif ou directif), les questions ouvertes d’un questionnaire, d’un document écrit ou oral (textes, journaux, télévision, etc.) ou encore les données obtenues par observation globale et narrative. Dans le cadre de notre étude, nous en faisons usage pour exclusivement analyser les trois dernières questions du questionnaire administré en temps 2 de l’enquête. Ces questions portent sur les différentes raisons qui justifient le comportement sexuel antérieur des participants. L’analyse de contenu nous permettra de lire le contenu réel de leurs déclarations et de lui attribuer du sens.

Le mot analyse « désigne d’abord une décomposition d’éléments de nature intellectuelle et abstraite, une critique, puis un procédé de raisonnement » (Rey, 1995, cité par Eymard (2003)). Le travail d’analyse de contenu consiste à réaliser un découpage en unités de sens à procéder à un inventaire, une catégorisation ; une codification. L’unité de sens peut être construite ou provenir d’un mot, d’une phrase, d’une causalité, d’une proposition. La grille d’analyse, quant à elle, doit être définie de manière précise de telle sorte que la marge d’interprétation de chaque codeur soit minimisée. Cela nécessite que les catégories soient suffisamment explicites pour que les codeurs puissent mener de façon identique l’analyse. L’analyse doit également être exhaustive, aucun élément de contenu ne sera laissé de côté. Nous distinguons plusieurs types de démarches pouvant être utilisées dans le cadre de notre recherche. Il s’agit des analyses fondées sur le comptage fréquentiel de formes, les analyses par catégories préconstruites, l’analyse par typologies des verbes, l’analyse par catégories sémantiques inférées du texte (analyse thématique), les analyses syntaxico-sémantiques, l’analyse de contenu comme pari pragmatique, etc. Notre choix s’est porté sur l’analyse par catégories sémantiques inférées du discours des participants.

Contrairement aux analyses fondées sur des catégories à priori, le contenu sémantique des catégories n’est pas connu d’avance. Il est issu d’une interprétation du discours des participants par l’analyste qui crée ses propres catégories. Le processus de création de ces catégories n’est pas systématisé, faisant appel tant à l’information présente dans le texte qu’aux connaissances du chercheur (analyste) concernant le domaine traité et son contexte. L’analyse de contenu thématique est le plus couramment pratiquée en psychologie sociale. Après une immersion prolongée dans le texte, le chercheur découpe les parties du texte ou du discours en blocs (mots, propositions, paragraphes, etc.), porteurs d’une même signification (thème). Les thèmes sont ensuite hiérarchisés en thèmes principaux et secondaires (sous-thèmes). L’analyse thématique établit un classement des thèmes et des relations entre différents thèmes. En veillant sur la cohérence, l’exclusivité des catégories entre elles, l’exhaustivité des catégories, et en donnant une définition opérationnelle de chaque thème. Nous utiliserons également, en guise de complément, le comptage fréquentiel (les thèmes classés par fréquence). L’analyse thématique est un outil pragmatique. Son défaut majeur est de reposer d’emblée sur une activité interprétative qui selon Unrug (1974) consiste en un « décodage intuitif ».