5.4.5- Intentions du port du préservatif (phase 1) et comportement sexuel effectif (phase 2).

Nous avons croisé l’intention du port du préservatif (à la première phase) et le comportement sexuel effectif (à la deuxième phase), en vue de voir si cette intention a été statistiquement conforme au comportement sexuel effectif du sujet. On constate ainsi que 25% des adolescents-élèves ayant une intention pourtant défavorable vis-à-vis du port du préservatif n’ont eu aucun rapport sexuel non protégé au cours des trois mois précédant la deuxième phase.

Tableau 67. Répartition des adolescents-élèves sexuellement actifs en fonction de l’intention du port du préservatif et le comportement sexuel effectif.

Source : Nos calculs

D’une manière générale, l’intention est statistiquement conforme au comportement sexuel effectif. En effet, un test de khi-deux corrobore, au seuil de 10%, l’hypothèse d’une dépendance entre l’intention de porter le préservatif (première phase) et le fait d’en porter effectivement (deuxième phase). Ainsi, 62% des adolescents-élèves ayant l’intention de se protéger au cours des trois mois précédant la deuxième phase ont tenu à leur engagement. Ceux qui étaient indécis au sujet du port du préservatif au cours de cette période sont équitablement distribués au regard de leur comportement sexuel effectif, dans la mesure où ils ont de moitié eu des rapports sexuels protégés, et l’autre moitié n’ont eu aucun rapport sexuel non protégé. Les adolescents-élèves ont donc adopté un comportement sexuel statistiquement « conforme » à leurs intentions telles qu’annoncées à la première phase.

La théorie de l’action planifiée d’Ajzen (1991) est applicable au comportement sexuel. L’acte « porter un préservatif » lorsqu’il est chargé d’une intention favorable a 62% de chance d’être réalisé. L’intention devient dès lors une variable extrêmement importante dans la prédiction du type de rapport sexuel (protégé ou non protégé) et devient ainsi une vraie arme dans la lutte contre le VIH/Sida, dans la mesure où il suffira de modeler les adolescents de manière à ce qu’ils aient de bonnes intentions pour espérer d’eux une protection. Il nous a semblé toutefois important d’identifier les facteurs et variables qui ont conduit 38% d’adolescents-élèves ayant par ailleurs des intentions favorables à la protection à adopter des comportements non préventifs. C’est tout l’objet de la partie suivante, dont le but est de voir s’il n’y a pas eu des facteurs « de résistance au changement » qui auraient « détourné » les adolescents-élèves de leurs intentions d’origine.

Dans la suite de notre travail, nous analyserons la significativité statistique des facteurs « présomptifs » qui auraient pu anéantir les « bonnes intentions » des adolescents-élèves en matière de port de préservatif (telles qu’exprimées au cours de la première phase de l’étude). Autrement dit, cela revient à tester les neuf hypothèses opérationnelles de recherche formulées en tout début de recherche.