6.1.1.1- Décision du port du préservatif et pression psychosociale

Un test du khi-deux confirme l’influence de la pression psychosociale sur la décision des adolescents-élèves de se protéger. Ainsi, seulement 23% des adolescents-élèves subissant par ailleurs une influence totale de la pression psychosociale n’ont eu aucun rapport sexuel non protégé au cours des trois mois précédant la deuxième phase de l’étude. A l’inverse, 72% des adolescents-élèves ne subissant pas l’influence de la pression psychosociale déclarent n’avoir eu aucun rapport sexuel non protégé.

Tableau 68 .Répartition des adolescents-élèves sexuellement actifs en fonction de l’influence de la pression psychosociale et de la décision d’utiliser un préservatif au cours des trois derniers mois précédant la deuxième phase.

Source : Nos calculs

De la lecture du tableau ci-dessus, il est clair que la pression psychosociale exerce une influence incontestable sur la décision de porter un préservatif. En effet, l’acte «porter un préservatif» a une dimension individuelle et une dimension psychosociale. Les individus au départ portent le préservatif pour se protéger, mais par la suite, pour protéger leur partenaire ou se protéger de leur partenaire. Cette situation génère des pressions interindividuelles, dans la mesure où l’acte « porter un préservatif » dans ce contexte ne peut se faire sans influence.

Des recherches de psychologie sociale, notamment celles de Kirkendall et Libby (1996) s’attachent prioritairement à démontrer le parallèle entre relations sociales et relations sexuelles. Dans cette perspective fondée sur la théorie de l’interaction, l’acte sexuel est une forme aiguë d’interaction sociale. Toute interaction sociale est basée sur un objet. Autrement dit, il n’y a pas d’interaction sans objet. Dans le cas de l’acte sexuel dans une perspective préventive, l’objet, c’est le préservatif. D’où la nécessité dans toute tentative d’explication de la décision du port du préservatif de mettre l’accent sur les deux types de rapport (le rapport de l’individu à l’objet ; le rapport entre un individu et un autre) qui facilitent la production de l’acte sexuel.

L’influence, comme le soulignaient Moscovici (1984) et De Montmollin (1984), décrit l’acte social. Elle implique de ce fait un rapport de force entre les différents protagonistes. En effet, les partenaires sexuels se font des pressions réciproques (exercée ou subie) pour s’approprier, contrôler, maîtriser ou orienter le port du préservatif. Cette relation est purement et simplement inégalitaire. L’inégalité, ici, s’explique par le fait que l’un des partenaires est dominant ou psychologiquement majoritaire, et l’autre partenaire est dominé ou psychologiquement minoritaire. Nos résultats montrent que les adolescentes subissent plus l’influence qu’elles ne l’exercent. Nous pouvons comprendre que leur vulnérabilité aux MST en général et au VIH/Sida en particulier est redevable à leur statut minoritaire dans la relation au port du préservatif.