6.1.1.3- Décision du port du préservatif et négociation

Un test du khi-deux rejette formellement l’hypothèse d’une influence de la négociation sur la décision des adolescents-élèves de se protéger. Cette indépendance est ainsi traduite, notamment, par le fait que 55% des adolescents-élèves qui ne subissaient pourtant aucune influence de la négociation ont déclaré avoir eu des rapports sexuels non protégés.

Tableau 70 .Répartition des adolescents-élèves sexuellement actifs en fonction de l’influence de la négociation et de la décision d’utiliser un préservatif au cours des trois derniers mois précédant la deuxième phase.

Source : Nos calculs

A priori, la négociation n’est donc pas un facteur "pertinent" d’influence de la décision de port du préservatif. Nous n’avons cependant aucune raison de croire que la négociation ne sera pas un facteur "pertinent" de résistance au port du préservatif. Cette hypothèse sera, entre autres, testée dans la partie suivante.

La relation sociale est sans aucun doute conflictuelle. L’assurance de la majorité psychologique ne se fait pas sans conflit. Et le conflit est toujours négocié pour l’équilibre interpersonnel. Dire que la négociation ou mieux encore la qualité de la négociation et la recherche du consensus n’exercent aucune influence sur le choix du port du préservatif pendant l’acte sexuel, c’est dire que la décision du port du préservatif est marginale et insignifiante pendant les rapports sexuels. Les adolescents-élèves peuvent se livrer autant à l’acte sexuel protégé qu’à l’acte sexuel non protégé sans éprouver un quelconque malaise,dans la mesure où le choix de l’objet ne génère aucun conflit puisque s’il n’y a pas négociation, c’est dire qu’il n’y a pas eu conflit, car c’est le conflit qui entraîne une négociation.

Moscovici (1984) définissait la psychologie sociale comme la science du conflit. Pour cet auteur, il est clair que les protagonistes d’une relation dans certaines situations ne soient pas en accord. C’est ce désaccord qui doit générer le conflit et ce conflit doit être négocié. Nos résultats réfutent cette thèse et montrent plutôt qu’il y a des relations (les relations sexuelles) qui ne génèrent pas de conflit. Il faut aussi comprendre que la relation sexuelle se négocie au départ avant que les partenaires ne se posent en situation d’acte sexuel. C’est cette pré-négociation qui peut l’épargner de tout conflit. Les conflits dans les relations sexuelles sont identifiés exclusivement dans le cas des viols. Or, nos participants n’ont signalé aucun cas de viol ou de violences sexuelles.