6.1.1.6- Décision du port du préservatif et force de l’habitude.

Un test du khi-deux rejette formellement l’hypothèse d’une influence de la force de l’habitude sur la décision des adolescents-élèves de se protéger. Cette indépendance – entre la force de l’habitude et la décision de se protéger – est ainsi traduite, notamment, par le fait qu’une forte majorité d’adolescents-élèves (56%) qui ne subissaient pourtant aucune influence de la force de l’habitude ont déclaré avoir eu des rapports sexuels non protégés. Bref, ainsi que le ressort le tableau 73 ci-dessous, la distribution des adolescents-élèves en fonction de la décision de se protéger au cours des trois mois précédant la deuxième phase semble ne pas dépendre de l’influence de la force de l’habitude.

Tableau 73 . Répartition des adolescents-élèves sexuellement actifs en fonction de l’influence de la force de l’habitude et de la décision d’utiliser un préservatif au cours des trois derniers mois précédant la deuxième phase.

Source : Nos calculs

Le tableau ci-dessus laisse penser que les adolescents ne sont pas influencés dans leur décision de porter un préservatif par la force de l’habitude. Les résultats indiquent d’une manière générale que ce n’est pas parce qu’on est habitué à un partenaire ou au rapport sexuel protégé ou non protégé qu’on décide de porter ou de ne pas porter un préservatif une prochaine fois. On peut dès lors penser que la décision de porter ou non un préservatif est accidentelle ou encore occasionnelle ou mieux encore spontannée.

Ces résultats sont contraires à ceux de Triandis (1977). En effet, cet auteur dans le but d’améliorer ou mieux de compléter la théorie de l’action raisonnée, avait proposé la théorie des comportements interpersonnels. Dans son modèle, il accordait une priorité à l’influence de l’habitude dans la production d’une action. Il pensait que la raison était insuffisante, il fallait lui ajouter l’habitude. L’habitude est pour lui une variable très déterminante. Il est parfois possible de penser comme un bon nombre de psychanalystes que l’habitude sexuelle est caractérisée par la satisfaction de désir sexuel, dont la force, l’intensité et la qualité joueraient un rôle incontestable dans la consolidation et la récurrence de l’acte sexuel, dans la mesure où en s’habituant l’organisme économise son attention.

Il est vraiment très difficile de croire que l’habitude n’a aucune influence sur l’acte sexuel futur. Il serait peut-être possible de penser que le port du préservatif n’a aucun lien avec l’habitude, dans la mesure où, il est toujours difficile pour les adolescents de contrôler l’activité sexuelle de leurs partenaires. C’est peut-être la raison pour laquelle, même après avoir eu un acte sexuel non protégé avec un partenaire, ils jugent utile de se protéger au cours de la prochaine fois.