6.1.3.3- HR 3 : Intention d’agir et influence de la négociation

Nous voulons savoir si la négociation aurait, dans une certaine mesure, influencé les 38% d’adolescents qui avaient l’intention de se protéger au cours des trois mois à venir mais qui ne l’ont malheureusement pas fait.

Tableau 81. Répartition des adolescents-élèves en fonction de l’existence d’une influence totale de la négociation et de la manifestation d’un comportement anti-intentionnel.

Source : Nos calculs

Un test du khi-deux fait état d’une indépendance statistique formelle entre le fait d’être totalement influencé par la négociation et la manifestation d’un comportement anti-intentionnel. On conclut donc que la négociation, lorsqu’elle influence totalement le sujet, n’influence pas du tout ses bonnes intentions en matière de port de préservatif.

Tableau 82. Répartition des adolescents-élèves en fonction de l’existence d’une influence partielle de la négociation et de la manifestation d’un comportement anti-intentionnel.

Source : Nos calculs

Un test du khi-deux montre qu’il y a une indépendance statistique très forte entre le fait d’être partiellement influencé par la négociation et la manifestation d’un comportement anti-intentionnel. On conclut donc que la négociation, lorsqu’elle n’influence que partiellement le sujet, n’influence pas du tout ses bonnes intentions en matière de port de préservatif.

Conclusion : la négociation n’a donc aucun effet sur la manifestation par le sujet d’un comportement anti-intentionnel.

Les tests du Khi-deux réalisés pour évaluer la dépendance statistique entre la négociation et la production d’un comportement « anti-intentionnel » montrent formellement qu’il n’existe aucune dépendance statistique entre la négociation et le comportement « anti-intentionnel ». L’inexistence de dépendance statistique constatée nous amène à conclure que : il n’existe pas entre l’intention d‘agir et l’action une négociation qui conduit à la réalisation d’un comportement « anti-intentionnel». Cette conclusion entraîne l’infirmation de notre troisième hypothèse de recherche (HR3).

Il est très difficile de croire, d’une part, que la négociation n’est pas une variable de résistance au port du préservatif et, d’autre part, que la négociation n‘a aucun effet sur la production d’un comportement « anti-intentionnel », dans la mesure où la relation sociale est caractérisée, d’après les psychologues sociaux, par le conflit. Toute relation sociale d’une manière ou d’une autre est conflictuelle. La relation au port du préservatif ne devrait pas faire d’exception, dans la mesure où la décision de porter un préservatif dans un couple pendant l’acte sexuel devrait nécessiter une discussion en vue de la recherche du consensus.

D’une manière générale, les résultats sont clairs, la résistance à l’usage du préservatif chez les individus ayant de bonnes intentions n’est pas due à la négociation, dans la mesure où les adolescents portent ou ne portent pas un préservatif sans négociation au préalable. Il nous a été toujours donné de penser que l’acte sexuel sans préservatif se négociait, nous sommes quand même curieux de constater le contraire. Il faut aussi préciser que, très souvent, la relation sociale était perçue comme une relation de négociation, dans la mesure où le conflit altère l’équilibre interpersonnel et l’équilibre ne peut être restauré que s’il y a eu au préalable négociation. Il est aussi vrai qu’il aurait été très surprenant de constater une dépendance significative à un quelconque seuil entre la négociation et le comportement « anti-intentionnel », puisque la négociation avait été déjà identifiée dans les analyses précédentes comme variable n’exerçant aucune influence sur la décision du port du préservatif.