6.1.3.7- HR 7 : Intention d’agir et influence de la force de l’affectivité

Nous voulons savoir si la force de l’affectivité aurait, dans une certaine mesure, influencé les 38% d’adolescents qui avaient l’intention de se protéger au cours des trois mois à venir mais qui ne l’ont malheureusement pas fait.

Tableau 89 . Répartition des adolescents-élèves en fonction de l’existence d’une influence totale de la force de l’affectivité et de la manifestation d’un comportement anti-intentionnel.

Source : Nos calculs.

Un test du khi-deux fait état d’une dépendance statistique très forte (niveau de confiance de 99%) entre le fait d’être totalement influencé par la force de l’affectivité et la manifestation d’un comportement anti-intentionnel. Ainsi, 57% des participants totalement influencés par la force de l’affectivité, et qui avaient l’intention de se protéger régulièrement à l’aide d’un préservatif ne l’ont malheureusement pas fait. Par ailleurs, 70% des participant sur qui l’influence de la force de l’affectivité n’était pas totale, et qui avaient l’intention de se protéger régulièrement à l’aide d’un préservatif ont bel et bien tenu leurs promesses.

On conclut donc que la force de l’affectivité, lorsqu’elle influence totalement le participant, influence par ailleurs négativement ses bonnes intentions en matière de port de préservatif.

Tableau 90 . Répartition des adolescents-élèves en fonction de l’existence d’une influence partielle de la force de l’affectivité et de la manifestation d’un comportement anti-intentionnel.

Source : Nos calculs.

Un test du khi-deux montre qu’il y a une indépendance statistique très forte entre le fait d’être partiellement influencé par la force de l’affectivité et la manifestation d’un comportement anti-intentionnel. On conclut donc que la force de l’affectivité, lorsqu’elle n’influence que partiellement le participant, n’influence pas du tout ses bonnes intentions en matière de port de préservatif.

Conclusion : la force de l’affectivité a un effet limité sur la manifestation par le participant d’un comportement anti-intentionnel.

De l’observation des résultats et du calcul des différents khi-deux, force est de constater que les adolescents-élèves ont été influencés dans la réalisation du comportement « anti-intentionnel » par la force de l’affectivité. Même si l’effet exercé est limité, il est quand même très significatif lorsque l’influence de la force de l’affectivité est totale sur les participants. Ce qui revient à dire que l’émotion puissante et continue, la passion amoureuse jouent un rôle décisif dans l’action de porter un préservatif. C’est à ce titre que nous pouvons conclure que : il existe entre l’intention d’agir et l’action une force de l’affectivité qui conduit à la réalisation d’un comportement « anti-intentionnel» . Cette conclusion marque la confirmation de notre septième hypothèse de recherche (HR7).

Le poids de l’intention dans la réalisation d’un comportement peut être variable, selon que l’intention est ou non mentalement accessible au moment de l’acte. L’intention est permanemment régulée par l’axe cognitif et l’axe affectif. Dans les analyses précédentes, il a été démontré que l’inertie cognitive conduisait à la production d’un acte « anti-intentionnel ». Dans ce paragraphe, le constat est que la force de l’affectivité conduit également à la production d’un acte « anti-intentionnel ». Autrement dit, lorsque le système est dominé par les affects et les émotions, il devient sans plagier les psychanalystes, essentiellement ça (tendance à la satisfaction des besoins, désirs, pulsions instincts, etc.).

La résistance au changement peut être déterminée par des facteurs internes et des facteurs externes. Parmi les facteurs internes (les pulsions, les désirs, les besoins), le plaisir joue un rôle extrêmement important dans l’accomplissement de l’acte sexuel. En outre, la résistance tient au désir lui-même quand un bénéfice (plaisir sexuel) est tiré de son accomplissement par la voie de la répétition symptomatique. Dans le cadre de notre étude, le plaisir sexuel s’identifie lui-même comme un facteur de résistance au changement de comportement sexuel. Selon la théorie de la réactance (Brehm, 1966), toute tentative persuasive échoue quand elle est ressentie par le récepteur comme une menace pour sa liberté. Dans le cas échéant, chaque adolescent veut vivre sa liberté sexuelle. La réaction émotionnelle qui suit l’acte sexuel non protégé peut constituer un nœud de résistance à la protection, dans la mesure où, l’adolescent peut ressentir la pression à la protection comme une menace à sa satisfaction sexuelle, s’il pense que le port du préservatif diminue le plaisir.