Chapitre 1. Préliminaires

1. Cadre de recherche

1.1. Contexte technique de l’étude

Les travaux de recherche sur la compréhension orale du cours magistral par les étudiants non natifs s’inscrivent dans un vaste domaine d’étude de discours didactiques appartenant à différents genres et différentes institutions. Ces travaux intéressaient depuis quelques années déjà des auteurs qui ont travaillé sur différentes formes de discours monologaux (Bouchard 1996, 1999, de Gaulmyn 1999, Pochard 1999, Parpette & Royis 2000) ou dialogaux.

Actuellement ces études sont menées au sein de l’UMR 5191 du laboratoire ICAR (Interactions, Corpus, Apprentissage, Représentations). Ces recherches ont pour objectif de décrire et de théoriser les usages du langage dans leurs multiples aspects en contexte authentique. La section Adis-langues (Apprentissages, Discours, Interactions, Savoirs en langues)d’ICAR 2 dans laquelle s’intègre cette recherche étudie les processus d’acquisition et d’apprentissage dans des situations d’interactions variées, en privilégiant des contextes didactiques, scolaires, en entreprise ou dans d’autres contextes sociaux.

L’équipe ADIS-Langues regroupe des chercheurs spécialisés dans l’étude du langage en situations didactiques. Les corpus étudiés sont constitués de discours interactionnels oraux ou de discours écrits spécialisés. Elle travaille aussi bien sur l’acquisition des langues secondes que sur l’apprentissage des sciences et développe une approche transversale des mécanismes d’appropriation de ces différents objets.

L’axe II de cette section auquel ce travail se rattache, porte sur les interactions et les discours didactiques. Il a pris pour objets l’observation de l’apprentissage, de l’enseignement et des interactions en classe dans le domaine des langues et des sciences et se donne comme objectif d’identifier les paramètres de complexité du cours magistral et d’étudier l’impact de ces facteurs sur la compréhension orale par les allophones. Le groupe de chercheurs qui travaille sur cet axe s’est intéressé à la problématique des difficultés de compréhension orale du cours magistral par les allophones pour répondre au besoin d’accueil dans l’enseignement supérieur français des étudiants étrangers. Cette problématique s’est trouvée élargie à l’ensemble des étudiants arrivant à l’université, avec la mise en place du plan licence. Notre travail consiste à essayer de confronter certains postulats de la problématique des difficultés de compréhension orale et de prise de notes du cours magistral à l’expérimentation.

C’est dans le domaine des sciences du langage que se situe l’objet de ce travail. Si notre approche concerne ce domaine et plus particulièrement celui de l’analyse du discours, sa finalité est de nature didactique. La didactique des langues, considérée par nombreux comme une science du langage, est une discipline déjà très avancée dans sa constitution.

Dans le cadre de cette étude, l’approche didactique adoptée est « ascendante ». Il s’agit en didactique des langues « des recherches didactiques proprement dites » (Jean-Yves Boyer, 1994 : 26), dont l’objectif immédiat est l'élaboration de modèles et de démarches répondant aux problèmes posés par l'enseignement/apprentissage et par conséquent concernent l'évaluation du savoir des apprenants. La démarche ascendante requiert des méthodes de recueil de données qui peuvent être adaptées à nos objectifs et permettre de mieux cerner notre problématique. Ces recherches didactiques proprement dites sont caractérisées par une centration sur l'apprentissage, sur les besoins des apprenants et sur le souci de construire des savoirs qui constituent des aides à l'apprentissage et qui répondent aux besoins des apprenants dans des situations didactiques déterminées.

Dans cette perspective « ascendante », la didactique se veut autonome. Ce qui ne veut pas dire qu'elle est indépendante par rapport aux disciplines dites contributoires. Cette autonomie signifie le libre arbitre sur un fond de savoirs partagés et la possibilité de construire de nouveaux savoirs à l'intérieur d'un horizon théorique reconnu comme pertinent par rapport aux objectifs didactiques définis. L'autonomie fonctionne à l'intérieur d'une communauté où la didactique ne peut ignorer les savoirs produits par les disciplines concernées.