Conclusion de la hiérarchisation des fonctions

Le cours magistral est un discours unique. Ce discours est polyphonique : plusieurs composantes sont présentes : un discours de transmission du savoir ou discours de « contrat », un discours de positionnement du savoir, un discours de cadrage et de repérage, un discours sur les méthodes de travail, un discours sur l’environnement et les aléas interactionnels, un discours parenthétique, un discours de prise en compte de l’auditoire et un discours sur le « dit ».

Ces composantes remplissent des fonctions spécifiques : le discours de contrat apporte le savoir au sens strict, le discours de positionnement de savoir singularise ce savoir par rapport à l’univers référentiel ; le discours de cadrage et de repérage intègre ce savoir dans un univers de référence particulier, le discours sur les méthodes explicite le mode de fonctionnement de chaque cours ; le discours interactionnel gère les conditions matérielles et interactionnelles du cours ; le discours parenthétique permet des décrochements par rapport au discours du contrat, le discours de prise en compte de l’auditoire gère la connivence avec le public et le discours sur le « dit » concerne tous les commentaires sur le discours de contrat.

Ces fonctions prennent l’ampleur différente d’un enseignant à un autre, selon que celui-ci sent la nécessité ou non d’en faire usage, à de degrés variables. Le passage d’une composante à une autre n’est toujours pas marqué clairement : tantôt des marqueurs linguistiques en indiquent la transition, tantôt ce sont des marqueurs prosodiques qui jouent ce rôle, mais il n’est pas rare qu’il n’y ait rien qui permette de repérer le passage de l’une à l’autre, et même qu'une même séquence renferme plusieurs composantes sans marque distinctive du passage de l'une à l'autre.

Différents styles d’enseignement sont repérables. Selon les enseignants considérés, nous avons en effet relevé :

Dans le fond les phénomènes observés sont présents aussi bien dans les cours dispensés au Congo que dans ceux dispensés à Lyon 2, d’autant que les enseignants congolais ont été pour la plus part formés en France ; même si cela apparaît de façon plus prononcée en France, à des proportions variables d’un enseignant à un autre.

De notre point de vue, ces imbrications de formes et fonctions peuvent compliquer la compréhension orale pour tout étudiant, et surtout pour les étudiants non natifs dont le niveau linguistique est approximatif ou faible. Pour nous en assurer, nous allons procéder à des tests de compréhension orale et de prise de notes. Les tests qui seront construits vont intégrer les paramètres que nous avons identifiés plus haut dans notre analyse. Ce travail fera l’objet du chapitre qui va suivre nommé «vers une expérimentation ».