2.4. Corpus pour des expériences

Une analyse détaillée des enregistrements a été effectuée dans le chapitre précédent. Cette analyse était essentiellement basée sur la version transcrite de ces enregistrements. De cette analyse de la transcription se sont dégagés plusieurs paramètres de complexité que nous avons étiquetés, catégorisés et hiérarchisés. La nature de ces étiquettes, de ces catégories et ces hiérarchisations a été déterminée et à partir de ces constatations, nous avons sélectionné des extraits caractéristiques des phénomènes  observés. Ce sont ces extraits qui constituent la base de nos expériences et c’est à partir de ces paramètres de complexité que nous avons élaboré des consignes pour l’expérimentation.

L’une des raisons qui nous ont conduite à procéder à la sélection d’extraits de corpus est le fait que le discours magistral est une production très longue dans la durée et très concentrée du point de vue de son contenu. Nous avons pour cela pensé que soumettre aux étudiants tout le cours, pour des fins expérimentales, était très lourd à mettre en place. Cela supposait disposer tous les étudiants dans une pièce, leur faire écouter un discours d'une longueur non habituelle en dialogue conversationnel quotidien. Or nous avions affaire à des étudiants qui, malgré leurs diverses occupations estudiantines, avaient accepté sur la base du volontariat, de nous aider dans notre travail. Il nous a paru nécessaire de les ménager.

Autant dire que la compréhension orale dans son principe « physiologique » est un mécanisme qui ne se réalise que dans le temps. La parole orale étant fuyante, nécessite par conséquent un temps pour la percevoir, un temps pour extraire les indices acoustiques pertinents qu'elle renferme, un temps pour transmettre ces indices acoustiques à la mémoire; un temps pour traiter ces indices afin d'arriver à une représentation signifiante; un temps pour associer du sens aux sons perçus, etc. ... ; et un temps pour son interprétation.

Envisagée de cette façon, la compréhension orale du discours magistral exige un travail mental important qui ne peut se réaliser qu'avec le concours du temps. Et quand elle a lieu, même envisagée globalement, la compréhension orale ne se fait que coup par coup, moment par moment; puisque le cerveau à l'oral, a besoin d'un rythme d'assimilation et des temps de relâchement, à cause de la limite cognitive.

Par ailleurs, comme ce travail concerne la langue orale et que les cours magistraux enregistrés l’étaient à partir d’une caméra utilisant en partie les cassettes vidéo (VHS), pour plus d’efficacité dans nos manipulations et pour rester proche des situations réelles ou authentiques du déroulement de cours, il a nous fallu numériser nos enregistrements, pour pouvoir utiliser des logiciels de traitement de sons et d’images.

A partir donc des logiciels Wave Editor de NTI CD&DVD-Maker 7(logiciel de traitement de son) et de Powerproducer de CyberLinK(logiciel de traitement de la vidéo), nous avons fait des découpes et des montages des extraits d’enregistrements audiovisuels (nous avons écouté et visionné des cours ; nous avons sélectionné des séquences; nous avons mis ensemble des extraits transcrits, des extraits audio et vidéo) et nous y avons joint des consignes pour des tests expérimentaux. 

Le corpus pour des expériences comprend plusieurs séquences de cours, correspondant à des phénomènes relevés dans sept cours de sept enseignants différents. Les séquences retenues ont une longueur variable selon que la compréhension de tel ou tel aspect identifié et analysé est envisagée pendant l’expérimentation. Nous avons travaillé tantôt avec extraits audiovisuels, tantôt avec des extraits d’enregistrements sonores simplement, sans images. L’intérêt de cette diversification de supports a consisté à en faire émerger s’il y a lieu la pertinence.

Des fragments de films du cours ont servi de supports d’expériences. Pour chaque segment vidéo, une transcription y était associée ainsi qu’une composante sonore (sans images). Ces extraits portent des numéros qui ne correspondent pas à un déroulement continu du cours, mais ces numéros sont des indicateurs de repérages dans l’ensemble des enregistrements de cours, attribués par convention personnelle.

L’analyse du corpus expérimental est présentée dans les lignes qui suivent et, pour chaque extrait sélectionné, une description des caractéristiques qui ont déterminé son choix est également présentée.