3.1.1. Biographie linguistique des informateurs

Douze étudiants étaient présents à la deuxième série d’expériences. C’étaient des étudiants inscrits au niveau C1 des cours du français langue étrangère au CIEF, à Lyon 2, (selon le niveau seuil du Cadre Européen de référence: l'apprenant peut comprendre toute langue orale, qu'elle soit en direct ou à la radio et quelque soit le débit).

Selon les renseignements portés sur leur fiches de profil linguistique, parmi les douze étudiants présents, trois avaient le chinois comme langue maternelle (désormais ELCH : E pour (étudiant) L pour (langue) CH pour (chinoise). Deux autres étudiants avaient le russe comme langue maternelle  (en abrégé ELR 1 et 2). Deux étudiants avaient le coréen comme langue maternelle (en abrégé ELCO 1 et 2) ; deux avaient l’espagnole comme langue maternelle (en abrégé ELE 1 et 2). Trois d’entre eux avaient l’anglais comme langue maternelle (en abrégé ELA 1, 2, 3) et une seule étudiante avait pour langue maternelle le portugais (en abrégé ELP).

Ces fiches ont également révélé plusieurs autres informations. Nous avons notamment su que l’un des étudiants de langue maternelle chinoise (ELCH 1) n’a participé à aucune expérience, que ce soit pendant la prise de notes ou lors des questions écrites. Dans sa fiche biographique linguistique n’étaient indiqués que son nom et prénom ainsi que sa langue maternelle. L’étudiant de langue maternelle chinoise 2 (ELCH 2) a estimé pour sa part ne pas comprendre les mots importants et ne pas être capable de prendre des notes. Pour l’étudiant de langue maternelle chinoise 3(ELCH 3), lestermes techniques contenus dans le cours ont compliqué l’activité de compréhension orale. La rapidité du débit lui donnait l’impression que l’enseignant courait après le temps.  Ecouter et prendre des notes dans ces conditions lui paraissait tout simplement impossible. Il se concentrait pendant l’écoute, essayant de retenir l’essentiel du cours et ne notait quelques bribes pour s’en servir comme support de travail plus tard.

L’un des étudiants de langue maternelle espagnole (ELE 1) a affirmé quant à lui que c’est la vitesse du débit des productions des enseignants ainsi que la présence des mots méconnus qui engendrent les difficultés de compréhension. Cette étudiante écoute simplement pour saisir l’idée avant de la coucher sur du papier.

Pour les deux étudiants de langue maternelle russe (ELR 1 et 2), le cours magistral ne leur a pas posé des problèmes de compréhension orale. Les seules difficultés qu’ils ont rencontrées étaient liées de la rapidité du débit. Ainsi pour l’un, la stratégie de prise de notes était l’écoute pour noter ce qui est entendu ; l’autre étudiant essayait d’abord de comprendre le discours de l’enseignant en le traduisant dans sa langue maternelle avant de prendre des notes. Il arrivait à cet autre étudiant de prendre d’abord des notes en russe ou en anglais puis de les traduisait par la suite, à domicile. Elle a souhaité avoir des polycopiés comme support de cours.

L’étudiant de langue maternelle portugaise (ELP) a eu le sentiment que ses problèmes de compréhension orale étaient liés à la méconnaissance des termes employés pendant le cours magistral.  Cette méconnaissance des mots clés induisant des difficultés de rétention ou de mémorisation des dits termes. Sa stratégie consistait à essayer de prêter attention aux énoncés principaux sans se soucier de tout noter, puis d’abréger le plus possible. Elle pensait pouvoir faire un travail d’organisation de ses notes après le cours. Ce qui est aspect important car beaucoup d’étudiants français procèdent de la sorte.

L’un des étudiants de langue maternelle coréenne (ELCO 1) a affirmé rencontrer des difficultés de compréhension orale, à cause de l’accélération du débit, à l’emploi des termes méconnus et à son ignorance des sujets abordés en cours. Il avait conscience de ne pouvoir noter que quelques mots alors qu’il aurait voulu tout reproduire. Il a souhaité avoir un support écrit du cours.

L’étudiant de langue maternelle coréenne 2 (ELCO 2) n’a rien indiqué sur ses éventuelles difficultés mais s’imaginait qu’il comprendrait mieux les cours magistraux si des vidéos et des documents écrits étaient proposés en supports de cours.

L’un des étudiants de langue maternelle anglaise (ELA 1) a estimé que le vocabulaire n’a pas été pour elle un problème. Par contre ce qui a rendu difficile la compréhension orale du cours, c’est la vitesse du flux oratoire. Elle aurait voulu tout prendre en notes mais pensait ne pas avoir un système d’abréviation qui lui permettrait de noter très rapidement. Sa crainte était de perdre les détails du cours. Elle n’a pas eu de stratégie particulière d’écoute, mais essayait de deviner le sens des termes qu’elle ne comprenait pas, puis elle ne notait que des mots essentiels, sans se préoccuper de la grammaire ni de la construction complète des phrases.

L’étudiant de langue maternelle anglaise 2 (ELA 2) a estimé ne pas avoir eu des difficultés pour comprendre les extraits présentés, sauf quand ceux-ci comportaient des mots nouveaux. Par contre elle a rencontré des difficultés pour prendre des notes, à cause de la rapidité débit. Sa stratégie de compréhension orale était de bien écouter, de bien comprendre puis de ne prendre des notes quand cela s’avérait nécessaire.

L’étudiant de langue maternelle anglaise 3 (ELA 3) a affirmé avoir eu des difficultés de compréhension des extraits oraux, à cause de la rapidité du flux de parole. Elle n’a pas été être capable d’écouter et d’écrire en même temps, mais a été très attentive au discours oral, ne prenant que rarement des notes. Elle aimerait voir les enseignants ralentir leur débit pendant les cours.

Pour une synthèse, on peut remarquer que l’une des choses que l’on apprend à travers ces fiches de « biographie linguistique, l’accélération du débit, et qui de surcroît se dégage de façon récurrente n’est pas vraiment une surprise, car la plupart des apprenants de langues étrangères considèrent que le flux oratoire les natifs est abondant et accéléré.