1.1. Les notes Prises

1.1.1. Le contenu

Comme indiqué dans la partie analyse des résultats, du point de vue du contenu, dans les notes des étudiants de droit toutes les informations complémentaires introduites par diverses stratégiesde l’enseignant n’étaient pas pris en compte. Il s’agit par exemple de la reformulation - paraphrase avec élargissement ou rétrécissement de sens-, de l’appel à des implicites, de l’insertion des nuances de sens, des sous-entendus, des présupposés, etc. Tous les énoncés oraux spontanés, tous les énoncés métadiscursifs, toutes les répétitions et mêmes certaines reformulations ont été également évacués.

De la même manière, des développements dialogiques où l’enseignant établissait par exemple une connivence avec les étudiants en utilisant des marqueurs de l’oral spontané ont laissé la place à des notes monologiques, concentrées sur les informations essentielles de cours.A ce niveau on peut dire que ces trois étudiants n’étaient trop démunis face à l’activité de la prise de notes.

Pourtant siles notes ne doivent retenir que les informations essentielles du cours, le fait d’avoir supprimétoute la glose de l’enseignant qui introduisait des commentaires, des constats, des recommandations, des justifications, des conseils, qui incitait à la déduction ou à l’inférence, qui permettait à l’enseignant d’opérer à des expansions diverses… sans discernement et alors que certaines remarques méritaient semble t-il d’être mentionnées à des endroits, peut être interprété comme une absence de finesse et signaler une certaine incompétence linguistique de la part de ces étudiants.

En revanchedans les notes des étudiants inscrits au cours de français langue étrangère nous n’avons pas observé la même chose, nous avons au contraire relevé à plusieurs reprises la reproduction des séquences complètes du discours de l’enseignement par certains étudiants, sans qu’il ait été question d’une quelconque sélection.De plus des fragments de cours mêlant informations principales et secondaires, notions reformulées et notions reformulantes, décrochements discursifs, digressions, etc., n’étaient pas rares.

Au-delà même de la différence de niveau linguistique, plusieurs autres phénomènes peuvent être interprétés comme indices des difficultés de compréhension orale et de prise de notes rencontrées par les étudiants. On peut par exemple mentionner l’incapacité de certains étudiants à résumer le discours de l’enseignant, à repérer et identifier les différents niveaux du contenu - énoncés principaux, énoncés secondaires-, à opérer des transformations syntaxiques, à hiérarchiser les informations et à sélectionner celles qui étaient à retenir, etc.

L’on a néanmoins pu relever quelque performance, notamment chez l’ELR2 qui n’a reporté pour un extrait assez long que deux termes très techniques abordés dans le cours. Les deux mots qu’il a retenus, appartenant au vocabulaire de la bible, paraissaient résumer tout l’extrait. Ce qui présuppose chez cet étudiant une compétence linguistique et un bagage culturel que n’avaient pas forcément les autres étudiants.

Du point de vue du lexique l’on a observé que l’emploi de certains termes techniques a eu un impact négatif sur la compréhension orale et sur la prise de notes aussi bien pour les étudiants non natifs que pour l’étudiante native et surtout pour certains étudiants inscrits au cours du français langue étrangère qui n’avaient par exemple pas compris des termes comme « décalogue » et « pentateuque ». L’incompréhension était parfois due à la non-discrimination de sons, comme on a pu le constater dans certaines notes où les mots mal perçus et sûrement méconnus ont été mal écrits.

D’autres termes très techniques ont donné lieu à des interprétations erronées. L’ELC3 a par exemple assimilé la notion « décalogue » aux articles juridiques ; elle a en fait mal interprété l’allusion de l’enseignant qui a abordé cette notion dans une dimension plutôt connotative, c’est-à-dire dans un sens second.

  L’éloignement culturel de certains objets de savoir a également constitué un facteur de complexification pour des étudiants venant des horizons différents de la culture judéo-chrétienne occidentale. De même certains contenus de cours, mis à la disposition d’étudiants de façon implicite, n’ont donné pas lieu à la prise de notes. Aucune trace n’indiquait non plus que les liaisons thématiques présentes dans les extraits de cours aient été prises en compte par les étudiants. Ce qui révèle là encore des difficultés rencontrées et donc de l’incompétence des étudiants.