2. Vérification d’hypothèses

Nous avons vu que le cours magistral est un discours polyphonique : une multitude de composantes aux fonctions spécifiques et variées s’entremêlent à l’intérieur d’un discours unique. Le travail présenté ici s’est réalisé à partir de l’hypothèse principale que ces imbrications de formes, de contenus et de fonctions, caractéristiques du discours magistral, en compliquent la compréhension orale et la prise de notes pour tout étudiant, et surtout pour les étudiants non natifs dont le niveau linguistique est approximatif ou faible.

Nous nous sommes basée sur le postulat définit par la groupe ADD selon lequel un étudiant qui comprend est celui qui est capable repérer les alternances et concomitances des fonctions de ce dit discours, pour pouvoir en extraire les informations à retenir. Ce présupposé suppose pour la prise de notes une faculté de restitution de l’essentiel, une maîtrise des techniques d’abréviations interprétables par lui, une maîtrise des transformations syntaxiques, une utilisation intelligible  de l’espace, de la temporalité etc.

Les résultats qui ont été obtenus permettent de vérifier la validité de l’hypothèse principale d’où découlent plusieurs autres hypothèses secondaires, pour plusieurs raisons : les locuteurs non natifs ont été confrontés à un débit de discours qu’ils ont jugé trop rapide pour eux, la parole fuyante, allant plus vite que l’écriture, les phrases constamment reformulées et la limite cognitive ne leur permettaient pas de retenir la totalité du discours de l’enseignant. Ce qui a considérablement compliqué la tâche de la compréhension orale et celle de la prise de notes.

 D’autre part la non-discrimination de certains sons a entraîné l’incompréhension de certaines notions et des erreurs dans la notation.Les difficultés dans le repérage et la sélection en un laps de temps court des informations à retenir pendant la prise de notes ont également été un facteur de complexification de la compréhension orale et de la prise de notes, renforçant le sentiment des étudiants de ne pas pouvoir s’en sortir. La dictée, ennuyeuse chez la locutrice native, a semblé, avec un débit de discours approprié, beaucoup plus correspondre aux attentes des étudiants non natifs. Les stratégies et techniques de prise de notes sont non acquises, surtout chez des étudiants étrangers.La complexité des termes techniques a également été problématique.

Finalement les difficultés recensées ne sont pas spécifiques aux étudiants non natifs. De même, certaines performances linguistiques ont été trouvées aussi bien chez la locutrice native que chez certains étudiants non natifs. Des notes identiques du point de vue de la forme et du contenu ont été relevées quandle discours était produit de façon à induire explicitement la prise de note : par exemple la répétition d’un intitulé de l’extrait suivi d’un marquage d’une période de silence pour laisser aux étudiants le temps de noter, une dictée ou la production d’un long monologue dont le but était d’instruire les étudiants sur les méthodes de travail que l’enseignant instituait dans le cadre du maintien d’ordre et de l’instauration des règles de bienséance. Toutes ces constatations conduisent à proposer des certaines implications didactiques.