3.1 Phase de sensibilisation

On trouve des cours magistraux dans plusieurs pays, mais ils ne sont pas conçus comme support essentiel de la transmission des connaissances. En France, la parole de l’enseignant et le cours magistral sont encore vécus comme le vecteur central des savoirs disciplinaires (Bouchard, dans « le cours magistral comme genre : langue de spécialité et évènement langagier spécifique »). Une sensibilisation au fonctionnement du cours magistral aux étudiants semble donc nécessaire. Cette sensibilisation peut passer par l’observation de ce mode de production particulière. Plusieurs phénomènes peuvent être explorés à ce stade :

  • L’on peut tout d’abord rappeler la situation particulière qui caractérise le cours magistral : un orateur unique, l’enseignant, face à un public d’étudiants réunis en vertu d’un contrat pédagogique (implicite et tacite). Il en découle un dialogisme inhérent à cette configuration (bien que ne correspondant évidemment pas à la conversation quotidienne par exemple, avec des tours de paroles à peu près également repartis, mais un dialogisme tout de même) dont les marqueurs sont identifiables et repérables : adresses aux étudiants, recherche de connivence, appels d’attention, répétitions, réitérations, rebondissements, retour en arrière, trébuchements, rectifications, pauses, réactions d’étudiants (prise de notes, rires…), etc. Nous aimerions attirer l’attention des étudiants  sur cette dimension dialogique du cours magistral, laquelle est enrichie des répétitions, de référents implicites, de sous-entendus, des nuances, des présupposés, et d’autres traits de l’oralité.
  • L’observation peut porter sur la variation discursive : un seul locuteur s’énonçant prou ou contre plusieurs instances énonciatives (univers de référence, de croyance…) dont il est le porte parole et se positionnant lui-même devant les différents niveaux énonciatifs, en assumant la responsabilité de certains énoncés (anticipation des connaissances des étudiants, supposition, sous-estimation ou surestimation de ces connaissances …), ou en récusant d’autres énoncés.
  • L’observation peut concerner la progression discursive globale, permettant de repérer la thématique générale, la rhématisation, c’est-à-dire des différents développements de propos, et la progression locale, envisagée dans sa linéarité discursive immédiate avec ses différents éléments intégrateurs.
  • L’observation peut encore s’effectuer sur l’organisation séquentielle du discours : on les initiera au repérage des grandes catégories discursives comme l’argumentation (dans sa dimension persuasive ou polémique par exemple), l’exposition, la description, la narration etc. ; ainsi que leurs marqueurs respectifs. 
  • On les sensibilisera enfin que certains contenus de cours mis à la disposition d’étudiants le sont de façon implicite, mais nécessitent une prise de notes quand même, que certaines liaisons thématiques présentes dans les extraits de cours magistraux peuvent être prises en compte dans l’entendement et aider à la compréhension des propos tenus, etc.