Conclusion

Cette investigation avait pour but d’appréhender les difficultés de compréhension orale du cours magistral de droit à partir d’une pratique expérimentale. Trois temps ont essentiellement constitué cette étude : une analyse des données du corpus, une pratique expérimentale à partir des analyses réalisées et une modélisation issue des résultats et conclusions de l’expérimentation.

L’analyse a été réalisée à partir des données enregistrées à Lyon 2 et à l’université de Brazzaville, un corpus vidéo de quelques fragments de cours magistraux de droit, transcrits pour des fins d’investigation. Cette analyse a permis de dégager et d’étiqueter les différentes composantes du cours magistral. Nous nous sommes appuyée d’abord sur des présupposés théoriques de l’Ecole française d’analyse du discours. Nous avons également été longuement éclairée par les études sur le cours magistral menées au sein du groupe Interactions et apprentissage des langues dans sa composante Analyses de discours didactiques.

Les expériences se sont déroulées sur des extraits de corpus sélectionnés pour leur complexité. Elles ont consisté en des activités de prise de notes, de tests oraux et écrits de compréhension du cours magistral et aussi des échanges conversationnels entre l’enquêteuse et les étudiants. Ces expériences auraient pu être élargies à un plus grand public d’étudiants non natifs, mais pour des raisons indépendantes de notre volonté (impératifs temporels liés à l’organisation des cours de français langue étrangère au CIEF), nous nous sommes contentée d’une seule série expérimentale complémentaire de surcroît un peu improvisée (les étudiants concernés n’ayant été informés du déroulement des expériences qu’au moment où celles-ci allaient commencer). De même les consignes que nous avons proposées auraient pu être plus âprement discutées avec notre directeur de recherche avant de les présenter aux étudiants. Ce qui aurait permis de gagner en qualité des expériences menées.

Malgré ces problèmes d’organisation expérimentale, les résultats que nous avons obtenus permettent quand même d’affirmer que l’hypothèse principale sur la complexité du cours magistral, ayant pour conséquences des difficultés de compréhension orale et de prise de notes surtout pour les étudiants d’une compétence incertaine en français est valide. Une modélisation préliminaire en termes d’implications didactiques a été proposée à la fin de étude, à la suite des constats faits. Cette modélisation est « pensée » comme un module linguistique pour une méthodologie d’initiation cours magistral, destiné d’abord aux étudiants non natifs, mais peut-être aussi aux étudiants natifs, parce que tous peuvent être concernés et tous peuvent y trouver de l’intérêt. Ce serait un module d’approche du cours magistral pour favoriser et en faciliter l’appréhension par les étudiants et aussi pour initier les étudiants aux stratégies et techniques de prise de notes.

Pour que cette modélisation soit aboutie, nous envisageons d’améliorer le dispositif expérimental qui a servi d’outil de mesure de la compréhension orale et de la prise des notes par les étudiants. Les consignes que nous avons construites devront être réexaminées, pour les adapter au niveau linguistique des étudiants et les éclaircir suffisamment pour qu’elles ne paraissent pas analytiques. Il nous faudra recueillir plus de données statistiques et qualitatives, en multipliant le nombre d’informateurs et le nombre d’expériences à mener pour espérer des études plus concluantes. Il nous faudra aussi réfléchir à la lecture des résultats à escompter, mieux les analyser, mieux les interpréter. Les implications didactiques devront être cette fois-là plus démonstratives, plutôt que de se limiter à la conceptualisation comme cela a été le cas dans cette, nous essayerons de fournir des exemples concrets, avec extraits pédagogiques types à l’appui.

L’étude avait une visée herméneutique. Les conclusions auxquelles nous avons abouti s’interprètent dans ce cadre et ne sont valables que pour les cours magistraux de droit. Elles ne peuvent pas, à ce stade, être généralisées à toute l’institution universitaire lyonnaise. Peut-être y trouvera-t-on des similitudes avec des cours magistraux d’autres disciplines, encore faudra t-il le vérifier.

Ce travail a suscité en nous des nouvelles interrogations : nous aimerions appréhender de façon précise les objectifs pédagogiques et disciplinaires des enseignants ;nous voulons comprendre quelle délimitation proposée pour les savoirs transmis ou à transmettre, pour quels types d’évaluations et pour quels résultats attendus. Pour satisfaire notre curiosité scientifique, nous envisageons une étude plus approfondie sur les articulations entre le discours des programmes, les discours de transmission des savoirs, les discours des énoncés d’épreuves et les discours des corrigés d’évaluation.

Le but de l’investigation sera cette fois-là d’être à mesure de bien sensibiliser les étudiants sur les corrélations entre ces différents discours. Ce sera une étude à orientation didactique, dont la finalité pourrait être l’amélioration des pré-requis d’étudiants en vue d’une meilleure compréhension des cours et des énoncés d’épreuves et en vue d’acquérir des techniques adéquates d’approche « linguistique ou discursive » des épreuves; une perspective du français de spécialité.