2.1. Les statuts des aires protégées au Kenya : avant et après l’indépendance

Au Kenya, plusieurs catégories d’aires protégées sont identifiées par la loi, à savoir les parcs nationaux et les réserves nationales tous deux étant terrestres et littorales. Dès 1898, il y avait eu la volonté de contrôler la chasse du gibier avec la création de Southern game reserve (13.000 Km²) en 1899 et le Northern game reserve (13.800 Km²) en 1900. En 1907, le « game department » a été établi à l’objectif de contrôler la chasse de gibier dans ces espaces désignés155.

L’importance donnée aux aires protégées après l’indépendance démontre la valeur accordée à de telles structures par le gouvernement kenyan. La majorité des parcs nationaux et des réserves naturelles ont été créées après l’indépendance en 1963. Au total, le Kenya compte 25 parcs nationaux terrestres (29.079 Km²), 4 parcs nationaux littoraux (54 Km²), 22 réserves nationales terrestres (14.718 Km²), 5 réserves littorales (706 Km²) et un sanctuaire (5 Km²). Ces réserves animalières s’étendent sur une superficie de 44.562 km² – 8% du territoire kenyan (carte 2). Des mesures précises ont été prises pour sauvegarder ce patrimoine après l’indépendance. Par exemple, l’interdiction de la chasse commerciale en 1977, suivie de celle du commerce des produits animaliers – trophée de chasse et gibier.

Dans certains réserves telles que le Maasai Mara, les Maasai ont des « droits limités » pour y nourriture de leur bétail en période de sécheresse, comme c’était le cas pendant les siècles passés. Les parcs et les réserves nationales du littoral fonctionnent selon les mêmes principes. La pêche par exemple est interdite dans les parcs nationaux littoraux.

Avant l’indépendance, il y a eu les parcs nationaux de Nairobi en 1946, de Tsavo West en 1948, Tsavo East en 1948, du Mont Kenya en 1949, d’Aberdaires en 1950, du lac Nakuru en 1961. D’autres, ayant le statut d’aires protégées, sont des réserves naturelles telles que Marsabit crée en 1940 et Maasai Mara en 1961. Il était nécessaire de créer des aires protégées afin de sauver les animaux des chasseurs anglais. Plusieurs ordonnances ont été établies notamment156 :

  • « the game ordinance » en 1903
  • « the East African Wild bird protection ordinance » en 1903
  • « the game ordinance » en 1909 qui a abouti à la sauvegarde de « Southern reserve » (Maasai Mara) et de « Northern reserve »
  • « the game ordinance » en 1921
  • « the Kenya colony and protectorate ordinances and regulations » en 1937 et
  • « the Kenya national parks ordinance » en 1945.

Ces arrêtés ont largement séparé les lieux de conservation, des lieux accessibles à la population locale. En 1959, résider dans les zones protégées fut interdit. Cela était dû à la méconnaissance par les pouvoirs coloniaux des vraies valeurs culturelles des populations locales existantes157. Par conséquent, on a créé des parcs nationaux et des réserves nationales vides des populations permanentes. Désormais, les aires protégées deviennent des espaces de conflit entre les loisirs et la survie de la population locale (fig. 1).

Bien qu’on ait déjà souligné le lien entre les parcs nationaux et le tourisme, on observe que l’ordonnance de 1945 au Kenya a mis l’accent sur la conservation ou la protection des parcs comme une ressource « naturelle ». A ce moment là, le tourisme est plus ou moins resté une activité de circonstance. Son développement au fil des années n’était pas planifié, c’était une activité fortement imposée dans les parcs et les réserves existantes sans un programme spécifique et élaboré158. En bref, le Kenya a adopté une attitude de laisser-faire dans le développement touristique dans les parcs et en dehors de ceux-ci.

Le « Safari159 » est devenu à la mode dans le tourisme surtout au Kenya, un concept qui a été lancé par Théodore Roosevelt en 1911 avec ses expéditions de chasse. Depuis, les années 1940, les touristes dans les parcs kenyans pratiquent le safari photographique. En se focalisant sur la protection de l’environnement « naturel », les aires protégées du Kenya deviennent des lieux privilégiés pour l’écotourisme.

Carte 2 : Les parcs et les réserves nationaux du Kenya

Notes
155.

Lusiola, The Role of the Cobra Project in Economic Development of Local Communities. The Proceedings of the Kenya Ecotourism Workshop held September 13-17 1992.

156.

Dieke, The Political Economy of Tourism Development in Africa, Cognizant Communications Corporation, 2000.

157.

Rossi et André, op. cit ; Barrow et Fabricius, op.cit.

158.

Dieke, op.cit.

159.

Le terme « safari » vient du mot arabe  « safora » qui signifie « voyager ». En swahili, la langue nationale du Kenya, « safari » signifie voyager à partir de son domicile.