2.2.1. Un produit touristique non exploité

Malgré cela, le défi actuel réside dans la diversification du tourisme au Kenya. La diversité culturelle et patrimoniale du pays est remarquable ; le potentiel reste énorme et abondant vers d’autres parcs nationaux. Par exemple, dans la partie septentrionale au Mont Marsabit et à Samburu, la mise en tourisme n’a guère commencé en termes de fréquentation. C’est pareil pour la région du lac Turkana au nord du pays, considérée comme l’épicentre du berceau de l’humanité, réputée pour son intérêt archéologique et paléontologique sans être pour autant fréquentée par les touristes. Le cas de Sibiloi National Park possède des sites de Homo Habilis et de Homo Erectus nous sert comme exemple avec 428 touristes en 2008.

En outre, la vallée du Grand Rift Valley constitue dans son ensemble un paysage digne d’admiration. Cette vallée englobe une bonne partie de la vie sauvage et des parcs nationaux, mais l’activité touristique se concentre à Maasai Mara, à Amboseli et au lac Nakuru (tableau 3). De la même façon, la remarquable région du lac Victoria, à l’ouest du pays, est négligée par les autorités et le marché touristique malgré son potentiel halieutique. Ce lac est le plus grand lac d’eau douce en Afrique et le deuxième au monde. Le potentiel touristique dans cette région est énorme avec des paysages de plantations de riz, de canne à sucre, de café et de thé, par ordre croissant d’altitude. Vers Kericho et Nandi Hills, il y a des paysages remarquables de plantations du thé capable de susciter un intérêt important chez des agro-touristes.

De plus, la plupart des forêts kenyanes, surtout celles gérées par le KFS ; des camps d'entraînement en haute altitude pour la formation des athlètes en haute altitude ne sont pas encore mise en tourisme.

Carte 3 : Ethnies, conflits, zones de tension au Kenya et dans l’Afrique orientale

Source : Jeune Afrique

L'histoire antique du Kenya a donné lieu à un certain nombre de monuments, notamment le Fort Jésus à Mombasa, Vasco da Gama pillar et Gedi Ruins à Malindi, à des antiquités et des emplacements historiques reflétant l'influence de la transmission africaine, arabe, asiatique et coloniale. Mais, ces zones archéologiques telle que Hyrax hill à Nakuru, Kariandusi à Gilgil, Koobi Fora à Turkana, et Olorgasailie à Magadi, ne sont pas encore au cœur de la politique du tourisme kenyan.

Figure 6 : Le flux touristique dans les parcs et réserves nationaux kenyans (1996-2005)

Source: Kenya National Bureau of Statistics.

En outre, il existe plus de 40 ethnies, toutes différentes dans leurs langues et dialectes, dans leurs coutumes, croyances, et styles de vie. Ces ethnies sont divisées en trois groupes majeurs (les Bantous185, les Nilotiques186 et les Couchitiques187). Leur coexistence depuis les violences après les élections fin 2007 pose des problèmes (carte 3). Ce sont des Maasai (nilotiques), une tribu emblématique du secteur touristique kenyane, qui est mis en avant par les promoteurs du secteur du tourisme au Kenya. Ils sont des pasteurs nomades par excellence. Il faut savoir que chaque groupe ethnique possède sa propre langue, sa culture et sa tradition. Depuis longtemps, le Kenya a adopté la langue swahilie comme sa langue nationale tandis que l’anglais reste sa langue officielle. Néanmoins, la riche palette des cultures africaines demeure inaccessible aux touristes qui n’en perçoivent écho abâtardi à travers des spectacles de denses traditionnelles : les cas de Bomas of Kenya à Nairobi et Ngomongo villages à Mombasa.

En termes de la fréquentation touristique, les parcs et les réserves du Kenya ont reçu 2.363.695 visiteurs en 2006, tandis que les musées et les autres sites historiques en ont enregistré 559.764 pendant la même période188. Par contre, depuis la réélection contestée du président Mwai Kibaki le 27 décembre 2007, le Kenya a perdu sa place comme une icône de la paix et de la stabilité en Afrique face à ses voisins : la Somalie reste instable et en guerre depuis 17 ans, bordée par l'étendue maritime la plus dangereuse du monde : 31 attaques de pirates en 2007189 ; l’Ouganda, longtemps ravagé par les guerres civile au nord ; les tensions politiques au Soudan entre le nord et le sud ; l’instabilité dans le région de Darfour sans parler du génocide au Rwanda en 1994 ; les crises politiques et économiques au Zimbabwe ; et l’instabilité de la République Démocratique du Congo (carte 3).

Ces violences politico-ethniques, comme celles de Likoni en 1997, ont provoqué un sérieux recul du tourisme. En 2008, le nombre de touristes internationaux au Kenya a chuté de 33.8% par rapport à 2007 pour arriver à 1.2 M. Quant au revenu généré, 2008 a enregistré 527 M d’euros, soit une diminution de 19.2% par rapport au 2007190.

Notes
185.

Rattachées au people Bantous sont les ethnies Kikuyu, Luhya, Akamba, Meru, Gusii, Mijikenda… Ils sont des agriculteurs qui veulent la terre pour cultiver.

186.

Le groupe nilotique comprend les Maasais, les Turkanas, les Samburus, les Luos, les Kalenjins… Ils sont des pasteurs qui veulent la terre pour y faire paître leur betaille.

187.

Les couchites vivent aujourd’hui dans le Nord-Est. Les ethnies el Molo, Somalie, Rendille et Galla en font partie.

188.

Kenya, Government of, op.cit., 2008.

189.

Bart, Les Paradoxes du Littoral Swahili », EchoGéo, Numéro 7 | 2008, [En ligne], mis en ligne le 17 octobre 2008. URL : http://echogeo.revues.org/index8623.html. Consulté le 26 mai 2009.

190.

Kenya Government of, Economic Survey 2009, Kenya National Bureau of Statistics, 2009.