Chapitre 5. Communauté d’accueil, biodiversité et développement touristique

‘« Et, les chiffres ne suffissent pas. Comment
savoir ce que les habitants ont en tête ? Leur
vie et leur vision ne peut pas se traduire en
statistiques » (Jean-Paul Billaud – sociologue.
Dirige un laboratoire de sociologie et
de Géographie du CNRS en France). ’

Le système touristique constitue un modèle complexe et chaotique243. Malgré cela certains, notamment Miossec (1977) et Butler (1980), simplifient l’évolution des destinations touristiques en mettant en perspective leur mutation dès la mise en tourisme via la maturation, et finalement vers la mort ou la régénération du système. La relation entre la destination, le flux touristique et la population locale s’y énonce clairement.

Dans la phase pionnière, selon Miossec, la relation entre la population locale et les touristes « reste marginale et la fonction touristique de l’espace est extrêmement faible et ne provoque pas d’équipement notable ni d’externalité appréciable ; les touristes ont une perception sommaire de l’espace »244. Quant à Butler, il n’y a pas d’impact économique ni environnemental généré par le tourisme. En même temps, la communauté locale reste passive mais optimiste envers l’activité touristique. Aussi, pendant cette phase, les touristes s’installent en marge du territoire des habitants sans gêner ces derniers245.

Les territoires de l’ouest du Kenya semblent correspondre à cette description de la période initiale de développement touristique. Pourtant, à cette phase là, il faut distinguer d’une part, le faible flux touristique à cause du manque d’intérêt des clients, entre autres facteurs, et d’autre part la politique délibérée visant à limiter leur nombre.

Notes
243.

Dewailly, Tourisme et Géographie, Entre Pérégrinité et Chaos, L’Harmattan, 2006.

244.

Miossec, Un Modèle de l’Espace Touristique, l’Espace Géographique, Régions, Environnement, Aménagement, n° 1, 1977, p 41-48.

245.

Stock, Le Tourisme: Acteurs, Lieux, et Enjeux, Belin, 2003.