9.1.2. Un appel au renouvellement tous azimuts

Etant donné que le potentiel touristique du Kenya reste abondant (chap. 2), l’idée de la mise en tourisme de ‘nouveaux’ espaces touristiques est aussi encourageante que celle du renouvellement et de la revalorisation d’un model touristique kenyan. Cela nécessite un nouveau regard sur ces territoires y compris ses acteurs, ses pratiques touristiques et l’intégration de ces territoires dans l’écoumène touristique. Cet appel à prendre de nouvelles orientations a mis l’accent sur l’image institutionnelle des parcs nationaux, la mise en place de la politique nationale du tourisme (qui est en cours) et la réorganisation du secteur du tourisme du pays.

En vue des faits soulignés dans l’encadré 9.1, l’augmentation de droits d’entrée dans les parcs kenyans est inévitable. Par exemple, la dépense moyenne par touriste au Kenya est évaluée à $ 578 entre 2000 et 2006 tandis qu’en Tanzanie cela se traduit en $ 1.268 par touriste496. Cela est en partie attribué aux droits d’entrée plus élevés dans les parcs tanzaniens. Par exemple, à Maasai Mara, les adultes étrangers paient $ 40 dans le droits d’entrée tandis que l’autre coté de la frontière – à Serengeti – ils paient $ 60. Pour escaler le Kilimandjaro, on paie $ 100 (5 jours) tandis qu’on fait le Mont Kenya pour une somme de $ 40 (3 jours). Aussi, on estime que le prix moyen d’une chambre hôtelière au Kenya à $ 84 alors qu’en Tanzanie cela est évalué à $ 111 par séjour par parsonne497.

Malgré cela, il est incompréhensible que Chyulu Hills National park avec 137 touristes en 2008 voie l’augmentation de droit d’entrée de $ 20 pour les adultes étrangers à $ 50 au même titre que Tsavo East, Tsavo West, Aberdaires et Méru. Il semble que le plus important pour le moment soit de faire en sorte que ces « autres territoires » soient également ‘ouverts’ et accessibles. Cela n’a pas de sens que ces territoires soient fermés, mais mieux vaut être claire et précis envers les acteurs touristiques, surtout les touristes, pour pouvoir justifier le droit d’entrée. C’est avec l’arrivée de ces derniers que le regard et l’intérêt envers ces territoires pourraient être renouvelés.

Cette ouverture doit être tous azimuts, d’abord dans l’information et dans la communication touristique ; ensuite avec l’ouverture vers tous les acteurs touristiques, notamment les touristes et la population locale. Stock et al souligne le fait qu’ « un élément clé de la réussite, ou de l’échec, de la mise en tourisme d’un lieu est le choix des hommes. Les hommes, ce sont d’abord ceux qui sont déjà dans le lieu… en participant à la construction économique du tourisme, ils activent le processus de mise en tourisme. (…) Les hommes, ce sont ensuite les touristes eux-mêmes… »498.

Finalement, cette ouverture doit aussi se faire à travers la mise en place des nouveaux aménagements touristiques. Le dernier point est particulièrement important car, comme on l’apprend chez Cazelais et al : l’ « espace touristique présuppose et exige toujours… une duplication de fonctions qui existent déjà, puisqu’il est un espace de services »499. Cela se rapproche de la réponse que Dewailly donne à sa question de savoir si tout pourrait être touristique. En se contentant de ne pas imaginer à quoi ressemblera le tourisme du futur, ce géographe ajoute que tout est potentiellement touristique, à la limite de « créer un service qui correspond à la demande »500. Ces fonctions services comprennent entre autres: l’hébergement, la restauration, la circulation, la communication… Brunel souligne le fait que certains lieux touristiques tel que les parcs de Disney sont visités « non pas pour leur intérêt propre, mais uniquement pour leur accessibilité maximale… »501.

Cela est évident parce que l’offre touristique existe toujours : les forêts, les montagnes, les mers … parce que tout peut être touristique. Ces territoires existaient même avant le « grand tour » et le « tourisme ». En réalité, le paysage est présent, même si on n’y prête pas attention ; les forêts tropicales existent comme des ressources touristiques même si on ne les visite pas. L’essentiel réside dans les services mis en place pour accueillir les touristes convenablement car aucun territoire n’a en soi une valeur touristique sans ces derniers.

Ces « ouvertures » doivent être un processus et non seulement une étape qui commence et qui s’arrête par l’exercice de faire connaître des parcs et des réserves nationaux (le branding). Le dynamisme en tourisme veut dire que ces « ouvertures » ou « transformations » doivent être réalisées en permanence.

Tandis que le processus de labellisation des parcs nationaux au Kenya démontre un dynamisme et une transformation en général, en visitant le parc national de Saiwa, on a le sentiment que malgré la volonté de changement, les habitudes restent inchangées. Par exemple, malgré ce processus en 2007, rien ne semble avoir changé en termes de fréquentation touristique et de notoriété. L’attention est attirée sur le fait que l’entrée soit reconstruite et les sentiers touristiques aménagés (photo 26). On ne s’étonne pas, car cette conception de business as usual ne se limite pas aux parcs nationaux kenyan mais au secteur touristique dans sa totalité.

Souvent les pouvoirs publics sont lents pour passer de la réflexion à l’action comme les projets en tableau 25. On se fait des illusions sur des nouvelles transformations alors qu’en réalité, c’est toujours la même histoire. L’écotourisme par exemple est une activité perçue comme un tourisme imprégné, intégré et dissous au sein des populations locales ; une activité qui peut enrichir la vie de ces dernières ; qui peut accroître les ressources économiques pour ces peuples ; qui peut être sensible à l’environnement naturel et humain et qui peut les protéger ; une activité qui peut être intégrée dans un système communautaire avec un impact positif (le tourisme communautaire). Par contre, dans un grand nombre de cas, ces discours laissent beaucoup à désirer.

Les exemples ne manquent pas et la bibliographie sur ce sujet est abondante : Brunel (2007) aborde le sujet de tourisme et mondialisation…, Duterme (2006) celui d’ « expansion du tourisme : les gagnants et les perdants », de Kadt (1979) sur le « tourisme un passeport pour le développement » … Même Dewailly (2006) en se contentant de ne pas en dire ‘trop’ (contre le tourisme) pour ne pas être considéré comme un « intellectuel anti-tourisme », trouve qu’il y a beaucoup d’exemples aujourd’hui où des touristes sont écartés (eux-mêmes ou par défaut) de la culture locale. Il ajoute qu’on cache de tels exemples « car ils ne semblent pas correspondre aux grands discours tenus sur le rôle culturel du tourisme… »502. Sur la question du tourisme et l’environnement, on est toujours aux stades des intentions sans aborder la mise au point d’une véritable ingénierie touristique de l’environnement – le cas de Maasai Mara au Kenya (chap. 9.2).

Photo 26 : la vue de l’intérieur de l’entrée nouvelle du parc Saiwa.

Telle une entrée est le premier contact entre les touristes et les aires protégées. Ainsi, l’accueil touristique prend une place importante dans le tourisme et dans cet exercice de labellisation

Photo : Odiara, B., 2008.

Il est nécessaire ainsi d’avoir une nouvelle façon de penser et d’appliquer les meilleures conceptions du développement touristique dans cette région de l’ouest du Kenya et ailleurs, pour sortir de cette impasse. Le branding (chap. 8.3) servait à changer la présentation générale de ces destinations envers des touristes dans le but d’augmenter leur fréquentation. En dépit d’autres facteurs qui ont eu un impact négatif pour le tourisme au Kenya, notamment la récession globale de l’économie en 2008/2009, la violence post électorale en 2008, les avertissements provenant des ambassades des pays étrangers au Kenya notamment les Etats-Unis et l’Angleterre, il est encore très tôt d’évaluer l’impact du branding sur le flux touristique dans les parcs.

Néanmoins, à première vue, cet exercice a eu les résultats mitigés. Tandis que huit parcs ont connu une augmentation touristique, bien que très légère (Amboseli, Tsavo West, Tsavo East, Kisite, Ruma, Malindi, Saiwa et Oldonyo Sabuk), six autres (Nakuru, Aberdaire, Watamu, Nairobi, Elgon et Kakamega) ont connu une diminution dans l’année suivante celle du branding. Le même constat mixte se reproduit dans les parcs non labellisés.

Le secteur du tourisme, dans le monde, est donc dominé par des transformations superficielles. Plusieurs exemples dans la littérature du tourisme peuvent servir à s’en convaincre. D’abord, les recherches déplorent le fait que l’écotourisme n’a pas été durable même s’il y a quelques progrès accomplis en termes de qualité, au niveau d’une meilleure gestion de l’eau, des sites et des territoires. Boniface Priscilla démontre comment le tourisme alternatif a pris l’apparence du tourisme conventionnel503. De plus, elle observe que les brochures dans les stations balnéaires dans les années 1960 ne sont pas différentes de celles des années 1990 ; les hôtels restent plus ou moins les mêmes mais le nombre de touristes continuent à augmenter504. A propos, l’historien Boyer remarque que « pour l'essentiel, rien n'a changé, sinon le nombre de touristes »505.

De plus, l’équipe MIT ajoute que l’ « idée de ce qui est beau et digne d’intérêt n’a finalement pas changé radicalement depuis deux siècles »506. Les touristes continuent à fréquenter les lieux qu’ils fréquentaient. Mais, que feront des touristes blasés et expérimentés qui cherchent de ‘nouveaux’ lieux et de ‘nouvelles’ pratiques ? Ce type de touriste tend à chercher parfois de nouvelles activités au sein même de l’espace qui les accueille. En outre, ce type de client peut mener ses activités habituelles dans les destinations nouvelles pour se dépayser.

Compte tenu du potentiel réel du Kenya, il est important de réorienter notre réflexion envers ce type de considération à travers la mise en tourisme des ‘nouvelles’ destinations touristiques. Voila le but principal de cette thèse : celui d’ouverture, de redéploiement, de renouvellement et de revalorisation d’un modèle touristique kenyan.

Selon l’ancien Directeur du PNUE, Klaus Toepfer, l’ « écotourisme a de nombreuses définitions, mais son objectif général devrait être de fournir une occasion de développer le tourisme de manière à réduire au minimum les effets négatifs de cette branche d’activité et un moyen d’encourager activement la protection de la biodiversité exceptionnelle de la Terre »507. A partir de ce propos, il nous semble que l’écotourisme serait la ‘moins mauvaise mise en tourisme d’un territoire’ naturel avec l’objectif de l’optimisation du bien (protection du milieu, retombés économiques pour les populations locales, création d’emploi, satisfaction clientèle…) et de la minimisation du mal (acculturation, pollution, perte financière…).

Tenant compte de cette définition, le redéploiement, le renouvellement et la revalorisation d’un modèle touristique kenyan va au-delà de l’augmentation du flux touristique dans les ‘nouvelles’ destinations. Il s’agit aussi de l’amélioration de qualité même du tourisme dans les destinations déjà établies. Aussi, on note que l’activité touristique dans les territoires lointains ne signifie pas forcement de l’écotourisme, car la plupart du temps, les touristes ne changent que la destination sans changer leur comportement. Selon l’équipe MIT, les espaces touristiques denses et les espaces touristiques diffus sont fréquentés – partiellement au moins – par les mêmes clientèles508. En effet Boyer l’observe, « l’enjeu contemporain consiste à transporter ces masses, à les héberger, à réguler leur flux, à attirer leur attention, éveiller leur désir ; mais il n’est pas de renouveler le tourisme »509. En plus, des « formes du tourisme (de masse, alternatif …) se sont succédées sans se remplacer »510.

Si les milieux naturels constituent des destinations privilégiées pour les écotouristes, ce sont leurs pratiques et leurs comportements (intérêt dans la découverte de la nature et son interprétation, le respect des milieux naturels et des sociétés …) qui les distinguent des autres touristes tels que les touristes de safari. Ainsi, sans l’évolution générale des mentalités et des comportements, aucune expérience alternative ne pourra survivre durablement. Autrement dit, ces nouvelles expériences ne seront qu’une première phase vers du tourisme destructif non maîtrisé.

Pour certains, l’écotourisme pourrait être un tourisme haut de gamme favorisant aussi le développement des projets touristiques légers à l’échelle communautaire. Et si on vante la kenyanisation du secteur touristique du pays à travers la création du KTDC en 1975, la plupart des aménagements touristiques sont encore sous la domination des organisations étrangères et des élites locales. Les « enjeux contemporains », comme le dit Boyer (2007), sont loin du renouvellement d’un modèle touristique, mais sont orientés vers la captation d’un flux touristique plus important. La contradiction entre le Ministère du tourisme et le KWS sur le type de client visé sert comme un exemple.

Tandis qu’en 2009 le KWS a augmenté les droits d’entrée dans les parcs pour attirer les touristes plus aisés, le Ministère du tourisme a proposé une réduction de frais de visa de 40 dollars à 20 dollars en 2009 pour récupérer la clientèle perdue après la violence post électorale. Cette politique était vivement contestée par le Ministère des affaires étrangères qui craint le rabaissement de la valeur réelle du Kenya. Par contre, cette mesure est beaucoup appréciée des hôteliers qui mettent encore la pression pour la suppression totale de frais de visa.

En outre, dans sa globalité, le secteur du tourisme est resté à la phase du voyage à forfait comme inventé par Thomas Cook en 1841 ; les itinéraires touristiques du Kenya n’ont pas changé au fil des années. Tandis qu’on préconise de plus en plus les voyageurs indépendants, Dewailly remet en question l’idée de la « liberté » et de l’ « intentionnalité » en tourisme en ce qui concerne le choix et les pratiques dans une destination donnée511. Et pour certains, le tourisme de masse reste largement critiqué (pas par des touristes) sans être abandonné512.

L’ouverture, le redéploiement, le renouvellement et la revalorisation du tourisme au Kenya s’appuient sur la croissance touristique comme un facteur primordial pour faire profiter la population. Bien entendu pour cette région, l’ouverture vers les acteurs touristiques, et particulièrement les touristes, est fondamentale, car les ressources touristiques existent toujours et c’est la fréquentation dont on a besoin. En vue de ces faits, la priorité pour l’instant semble dans la révision et même le redéploiement total de ce secteur touristique car la gamme de produits présentés est assez diversifiée. Et pourtant, suivant la règle de base, le tourisme veut dire « s’occuper des gens »513 en leur fournissant par exemple l’information nécessaire sur ces destinations, un facteur qui manque cruellement même après le branding.

Les projets communautaires tels que CAMPFIRE au Zimbabwe, Kimana et Shompole au Kenya, ont connu des succès grâce à une fréquentation touristique significative et « durable ». Par exemple, la réussite d’un group ranch de Kimana auprès du parc national d’Amboseli réside dans le fait qu’il reçoit un nombre élevé de touristes (plus de 400.000 en 2006514). Violier démontre comment des projets touristiques en Europe ont été conçus autour des principes du développement durable mais qu’ils ont connu un nombre limité de visiteurs 515. La réussite de tels projets en termes de fréquentation et de rentabilité nécessite donc que le touriste soit pris en compte dès leur conception. Ce sont les touristes qui vont faire rentabiliser ces projets et en faire profiter les populations locales.

Le présent travail s’engage à comprendre et à consolider les trois grands concepts menant vers le développement touristique : la croissance (le flux touristique), le développement (les retombées économiques vers les populations) et l’écodéveloppement (un développement qui encourage la gouvernance participative des sociétés locales). Ces trois concepts seraient la vocation touristique la plus adaptée pour ces périphéries.

Parallèlement, l’écotourisme constitue une activité de découverte, d’étude, d’observation et d’interprétation de la nature. Mais au parc de Saiwa, le composant ‘interprétation’ est totalement absent, faute de guides touristiques. Autrement dit, à l’instar de la forêt de Kakamega où il y a des visites guidées, il faut aussi reconstruire l’histoire de ce parc. Celle-ci peut représenter ce parc dans sa totalité en démontrant la signification paysagère et culturelle afin de rendre sa visite plus intéressante. 

Même si on a déjà souligné l’importance d’avoir des « beaux paysages », il faut dire qu’il ne suffit plus d’avoir un potentiel, il faut aussi savoir l’utiliser pour attirer davantage de touristes. En outre, l’affirmation de Rieucau selon laquelle la classification en aire protégée d’un territoire favorise le développement de l’écotourisme516 c’est loin d’être affirmée par rapport à la plupart des parcs kenyans. La majorité de ces territoires ne sont pas nécessairement les destinations privilégiées pour les touristes. C’est le cas de Kakamega qui possède le statut « réserve nationale » depuis vingt trois ans, et celles de Saiwa et Mont Elgon qui ont un statut de « parc national » depuis trente quatre ans et presque quarante ans respectivement. Malgré cela, il nous semble que le processus de la mise en tourisme ait du mal à démarrer ou qu’il soit simplement très lent.

D’autre part, Rieucau affirme que la « préservation de la biodiversité … ne constitue qu’une des composantes de l’ouverture au tourisme »517. Ainsi, on constate que pour ces territoires (le cas de Chyulu Hills), ce n’est pas la valeur propre du nom (parc ou réserve) qui compte, mais la valeur en fonction des projets dans leur proximité : la liaison routière, l’hébergement touristique, les centres commerciaux,… Cette valorisation selon Rieucau, se trouve aussi dans le « binôme tourisme de nature/culturel (qui) peut contribuer à la réussite de la fréquentation d’un lieu touristique »518.

La réussite dans la réalisation de ce binôme appelle ainsi à la mise en place d’activités d’interprétation du paysage (naturel et humain) et le rôle que ces espaces jouent dans la vie quotidienne. P. Boniface nous montre comment les jardins de « Zen » au Japon attirent beaucoup de touristes, pas parce qu’ils sont beaux, mais parce qu’on leur a donné une signification culturelle et spirituelle – une interprétation – suscitant un intérêt important chez les touristes519. La gastronomie, quant à elle, pourrait être un élément différenciateur au sein de destinations ayant des atouts similaires520. Elle utilise un exemple de Bordeaux en France en disant que ce n’est pas son paysage qui attire des touristes, mais plutôt le vin et la vie culturelle de cette ville d’Aquitaine.

La vie culturelle serait ainsi un élément différenciateur d’un parc à l’autre. Bien que plusieurs destinations possèdent des produits touristiques similaires, chaque espace a sa particularité. Les lions ou les éléphants de l’Afrique du Sud ne sont-ils pas les mêmes (au moins pour les touristes) que ceux du Kenya ? L’expérience touristique dans les parcs sud africains et les parcs kenyans n’est-elle pas aussi la même ? En théorie, cela se traduit par la même satisfaction pour les touristes, quelle que soit la destination (parce qu’il s’agit de la même faune). Mais l’expérience touristique de chaque visite reste unique avecchaque territoire. Ainsi, chaque parc ou réserve dans le pays présente sa propre spécificité.  En effet, Stock et al remarquent que « ce qui alimente le tourisme ce n’est pas l’uniformité ». Ils ajoutent qu’ « il n’y aurait aucune raison de se déplacer, même pour un touriste, si c’était pour passer du pareil au même »521.

Cependant, sur le site web de KWS ( www.kws.org ), cette réflexion reste encore à appliquer. Ce site affiche des parcs nationaux totalement déconnectés de leurs milieux culturels. En outre, les parcs sont présentés comme des destinations isolées l’une de l’autre, en écartant même les événements locaux. Sur ce site web par exemple, la réserve de Kakamega n’est pas associée au combats des taureaux (bull fighting) près de cette forêt, Impala Sanctuary n’est pas associée à la ville de Kisumu à coté du lac Victoria et à la culture Luo, Saiwa swamp n’est pas associé au musée de Kitale ni à celui de Kapenguria (hébergeant la cellule de détention de Jomo Kenyatta, le premier Président du pays)…

En plus de faire un voyage vers des milieux naturels, les touristes d’aujourd’hui pourraient aussi s’intéresser aux activités multiples autours de ces territoires. Certes, ces prestataires de services doivent se rendre compte que l’écotourisme n’est plus un concept académique et conservateur, mais il est un produit dont on souhaite tirer profit.

Par ailleurs, les avantages liés à l’écotourisme vont au-delà des frais d’entrée dans les parcs nationaux. Le rapport de l’OMT sur le « tourisme et la réduction de la pauvreté » propose plusieurs stratégies à prendre pour optimiser la présence du tourisme dans les pays en voie de développement522. Ces stratégies comprennent : la prolongation du séjour touristique, l’accroissement des dépenses touristiques, le développement des produits complémentaires, la répartition équitable des avantages touristiques géographiquement, l’amélioration des infrastructures et avantages obtenus grâce à la planification, la gestion locale du tourisme et les partenariats. Malgré ces bonnes idées, on déplore le fait que dans les zones situées aux alentours de la forêt de Kakamega et celles qui sont près de Saiwa, il n’y ait pratiquement rien à dépenser pour le touriste. En développant l’esprit d’entreprise chez les villageois, ces aires protégées peuvent augmenter les potentiels de développement au bénéfice de la communauté locale.

Notes
496.

KIPPRA, op.cit., 2009.

497.

Ibid, 2009.

498.

Stock et al, op.cit, p 266.

499.

Cazelais, et al. op.cit, p 20-21

500.

Dewailly, op.cit, 2006, p 136.

501.

Brunel, op.cit.

502.

Dewailly, op.cit, 2006, p 115.

503.

Boniface, Dynamic Tourism, Journeying with Change, Channel View Publications, 2001, 188 p.

504.

Ibid, op.cit

505.

Boyer, Le Tourisme de Masse, l’Harmmatan, 2007, p 54

506.

Equipe MIT, op.cit, 2005, p 265.

507.

Cité par Stock et al, p 225.

508.

Equipe MIT, op.cit, 2002, p 235.

509.

Boyer, op.cit, 2007, p 54

510.

Ibid, p 62

511.

Dewailly, op.cit, 2006.

512.

Cazes, Knafou, op.cit.

513.

Deprest, op.cit

514.

Kibicho, op.cit., 2008.

515.

Violier, op.cit.

516.

Rieucau, op.cit, 2001.

517.

Ibid, p 446.

518.

Rieucau, op.cit, 2001, p 446.

519.

Boniface, op.cit.

520.

Ibid.

521.

Stock, et al, op.cit, p 274.

522.

OMT, op.cit, 2002a.