Conclusion générale

‘« Je suis convaincu, alors j’ai passé
mon temps à faire de l’objectivisme »
(Dalla Bernardina). ’

Au moment de conclure cette thèse, il convient de mentionner qu’ « un lieu touristique ne peut se développer et durer que s’il se renouvelle et se diversifie pour accueillir des pratiques et des populations nouvelles »545. Dans une première partie, analysant de multiples enjeux nationaux ainsi qu’internationaux en ce qui concerne la protection de l’environnement, on souligne que le Kenya offre à la consommation touristique des pays riches un produit touristique restreint. Par contre, il impose à l’ensemble de l’Afrique de l’Est, son image d’une Afrique montagneuse, du Rift et des volcans, où les Hautes Terres, très peuplées, mais bien dotées, s’opposent aux immensités quasi désertes des terres basses, celle d’une Afrique de la grande faune.

La meilleure exploitation du potentiel touristique du Kenya réside dans la réflexion sur la captation de nouveaux flux touristiques, la mise en place de nouvelles destinations, l’ouverture élargie de l’espace touristique vers le nord et l’ouest du Kenya dans une stratégie plus globale qui va jusqu’au lac Turkana. La diversification de l’écotourisme et du tourisme au Kenya peut s’orienter vers différentes pistes : séjours en village, ornithologie, aventure, archéologie, exploitation de nouveaux sites.

On met en exergue le fait que les espaces protégés s’avèrent être des biens planétaires, publics et nationaux déconnectés du développement local. Par conséquent, la politique nationale préconise que l’intégralité de l’argent que rapporte le tourisme soit versée au gouvernement central. L’implication des populations locales dans l’action de renouveler le modèle touristique du pays reste encore insuffisante et la population locale est trop peu impliquée. La plupart du temps, le Kenya n’atteint pas les objectifs de conservation, où l’accent est mis sur la surveillance des espèces dites en danger comme le rhinocéros et les éléphants.

Le modèle kenyan du tourisme repose principalement sur la protection des ressources naturelles. La biodiversité en dehors des parcs nécessite la création de corridors. Cela fait appel à la collaboration entre les pouvoirs publics – le KWS, le KFS, les conseils locaux et le Ministère du tourisme d’une part, et d’autre part avec le secteur privé et les communautés riveraines.

En passant de 35.000 touristes en 1960 à 1,8 millions de touristes internationaux en 2007, le Kenya occupe une place intéressante dans le tourisme en Afrique subsaharienne. Le tourisme serait la voie la plus efficace et durable dans l’utilisation des richesses naturelles car il n’entraîne pas la mort d’animaux. C’est le moment pour le KTB et le KWS de développer un itinéraire touristique permettant de populariser les aires protégées les moins visitées du pays. Cependant, le tourisme ne peut, à lui seul, protéger les zones de biodiversité ni réduire la pauvreté. Au contraire, le développement général du territoire pourrait être favorable au développement touristique.

Les parcs nationaux sont des enclaves naturelles, qui sont soustraites à l’espace des Africains, pour promouvoir la protection de la nature. De nouvelles opportunités de dynamisation, de renouvellement, d’autonomisation, d’ouverture du tourisme au Kenya repose sur l’extension de l’activité touristique au delà de la frontières des parcs nationaux : dans les zones tampons. Les communautés locales sont ainsi considérées comme indispensables à la mise en tourisme des ‘nouveaux’ espaces touristiques. Plus positives, les perceptions des Kenyans envers le tourisme s’améliorent progressivement. Cela se manifeste à travers leur participation au tourisme comme des touristes ainsi que des propriétaires.

Aussi, en ce moment, la géographie de conservation des ressources naturelles n’est plus liée à la mise en place de barrières comme dans le cas du lac Nakuru, car les pressions externes vont annuler ce genre d’actions. La question n’est plus celle de savoir si les parcs nationaux sont utiles, mais plutôt leur place dans le développement territorial.

Cette thèse, dans la dernière partie, propose la synthèse d’un cas pratique concernant la mise en tourisme de ‘nouveaux’ espaces touristiques du pays. Autonomiser le tourisme auprès des populations locales n’est pas une tâche facile. Parfois, ces peuples ne sont pas organisés dans un système cohérent, en restant essentiellement des individus dans un espace donné. On relève de plus en plus de projets relationnels en tourisme communautaire, plutôt que participatif. Cette relation parasitaire et uni directionnelle existe simplement pour améliorer la relation entre les communautés riveraines et les aires protégées sans autonomiser la gestion de ces ressources naturelles. Il serait important d’encourager le rapport symbiotique entre les parcs et les communautés locales dans la mise en tourisme des ‘nouveaux’ territoires touristiques au pays. Le Kenya ainsi doit s’adapter à un monde nouveau dans lequel les valeurs environnementales, éthiques, sociétales, ludiques se réunissent dans la quête d’ouverture, de renouvellement et de revalorisation de son produit touristique. Enfin l’autonomisation des populations locales dans la conservation de la biodiversité n’est pas en soi un thème suffisamment mobilisateur assurant la conservation de ces milieux. Il reste encore un rôle officiel auprès d’Etat de développer ces régions pour bien s’insérer dans le développement général.

Enfin, le thème de renouvellement du secteur du tourisme au pays est très pertinent afin de dépasser un modèle banal de « développement du tourisme » dans le pays. Cette thèse a ainsi traité cette thème en essayant de répondre à notre question de départ : « quelles options proposer pour exploiter le potentiel existant » ? A l’opposé du « développement du tourisme », on envisage la mise en place de la politique nécessaire ayant le potentiel de nous amené vers le « tourisme de développement ». Celui-ci nous semble le nouvel mot d’ordre dans la mise en tourisme des ‘nouveaux’ territoires touristique au Kenya.

Notes
545.

Equipe, MIT, 2002.