Contexte théorique

I – La famille: où tout commence!

1.1 – Famille ou familles?

Le terme famille  vient du latin famulus, qui signifie serviteur ; l’origine de ce mot remonterait à l’époque de la Rome Antique, répondant ainsi au besoin de désigner un nouveau groupe social, apparu au sein des tribus latines, lors de l’introduction de l’agriculture et de la légalisation de l’esclavage.

Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que cette expression a acquis un sens moderne, bien plus proche de la définition que nous attribuons, actuellement, à ce mot, c’est-à-dire plus proche de la notion da la famille restreinte, (M. Leandro, 2001).

La famille est probablement le phénomène le plus ancien de l’histoire de l’humanité, antérieure à la propre division du travail, à la formation des groupes sociaux, à la naissance de la société et à la création de l’État. Elle est naturelle, étant donné que l’humanité est sexuée, que le couple provient de la différence des sexes, de son attirance réciproque, du désir de se reproduire et de perpétuer l’espèce, ce qui représente les principes biologiques de la famille. Outre cette origine biologique, elle a également acquis une dimension universelle et culturelle, puisqu’elle est réglementée par les sociétés, qui l’ont transformée en un évènement social, reconnu et organisé, (R. Remond, 1996).

Selon C. Saraceno (1997), la famille est l’un des lieux les plus privilégiés en ce qui concerne la construction sociale de la réalité, car c’est au sein de la famille que les évènements de la vie individuelle (tels que la naissance et la mort, la croissance, le vieillissement, la sexualité et la procréation) acquièrent ainsi leur vraie signification.

M. Guillaume (1996) considère que la famille crée la vie sociale étant donné qu’elle concilie trois principes essentiels, difficilement conciliables : le risque (associé au mariage, à la procréation ou à l’éducation), la contrainte (quant à la fidélité au sein du couple ou quant à l’éducation des enfants) et l’amour (la fonction essentielle de la famille).

En termes de concept général, la famille est essentiellement universelle et non pas exclusive par rapport aux sociétés occidentales, étant donné que ce concept existe pratiquement dans toutes les sociétés humaines, y compris celles dont les mœurs sexuelles et éducatives sont radicalement distinctes de celles de notre société, (L. Strauss, 1977).

Nonobstant, malgré l’existence d’un certain type de famille dans toutes les sociétés humaines connues, il ne s’agit pas d’un concept univoque pour toutes les époques et pour toutes les cultures. Par conséquent, cela signifie qu’il existe une multitude naturelle de modèles de familles, (K. Gough, 1977 ; A. Gimeno, 2001).

En tant que phénomène historique et social, la famille revêt différentes formes et peut être classée en différentes catégories de familles, selon les régions, les classes sociales et les sous-groupes existant au sein de cette société globale, (A. Michel, 1983).

Ainsi, L. Strauss (1977) définit la famille comme l’union plus ou moins durable et socialement approuvée entre un homme, une femme et leurs enfants (du sexe masculin ou du sexe féminin). La famille a son origine dans le mariage et est constituée par le mari, par la femme et par les enfants nés de ce mariage. Les membres de la famille sont liés les uns aux autres par des liens légaux, par des droits et par des devoirs économiques, religieux (ou non), par un réseau précis de droits et d’interdictions de caractère sexuel, et par une diversité de sentiments psychologiques, tels que l’amour, l’affection, le respect ou la crainte.

J. Lacan (1987) l’identifiecomme étant un groupe naturel d’individus qui sont unis par une double relation biologique. D’une part, il y a la lignée, qui fournit les éléments constitutifs du groupe, et, d’autre part, il y a les conditions contextuelles, qui postulent le développement des jeunes et qui visent à la conservation du groupe.

Pour K. Gough (1977), la famille est composée d’un couple marié ou d’un autre groupe de parents adultes qui coopèrent à la vie économique et à l’éducation de l’enfant ou des enfants, et dont la plupart des membres, voire tous, habitent ensemble. Selon cette auteur, la famille impose des valeurs universelles, notamment l’interdiction de rapports sexuels et l’interdiction du mariage entre certains membres de la famille, la division du travail, fondée sur la distinction des sexes, la conception du mariage en tant que relation socialement reconnue et durable entre un homme et une femme et à partir de laquelle émerge la paternité sociale.

M. Porot (1973) la définit comme étant un ensemble de personnes du même sang qui habitent sous le même toit, soit le père, la mère et leurs enfants, et dont l’existence se doit à la naissance d’un enfant, sans lequel la famille n’existerait donc pas. Elle assure le transfert intergénérationnel du patrimoine génétique.

Pour Y. Castellan (1980) la famille constitue un assemblement de personnes qui se trouvent unies par des relations de sang et qui habitent communément dans une perspective de partage commun de services.

Compte tenu de l’absence d’un modèle unique et exclusif de la famille, puisque celle-ci évolue au fil du temps et évolue également selon l’espace, démontrant ainsi un caractère évolutif, parler de la famille au singulier n’est pas chose facile, (R. Remond, 1995).

Ainsi, la famille est dorénavant un concept polysémique, en raison des multiples structures qu’elle peut avoir, de ses différentes formes d’organisation et de ses représentations, (M. Leandro, 2001).

Par conséquent, le vocable « famille » se rapporte à de nombreuses expériences et à différentes relations, tout en indiquant, simultanément, la complexité des relations et des domaines impliqués dans l’espace familial, (C. Saraceno, 1997).

Malgré l’ampleur de ce concept, on met l’accent sur la perspective de L.-V. Thomas (1975) qui affirme que les liens de sang sont essentiels dans le contexte familial puisqu’ils permettent de surpasser tous les obstacles inhérents à la vie et, bien sûr, à la mort, c’est-à-dire les adversités associées au temps/espace. En effet, les liens de sang sont perpétuels malgré les vicissitudes de la vie familiale et quelle que soit leur qualité.

Indépendamment du concept de famille auquel on fait référence, ce qui est essentielle de détacher est qu'elle constitue le premier et le plus important groupe social de toute la personne, en se supposant comme une structure de source qui accompagne la personne au long tout de son développement, quoi qu’il soit physique ou psychologiquement.