2.4.1 - L’influence du père sur le développement de l’enfant pendant la phase préscolaire

L’analyse de l’influence du père à ce stade précoce du développement ne peut pas être dissociée de l’affirmation selon laquelle le père passe moins de temps avec l’enfant que la mère, surtout à ce stade où l’enfant requiert plus d’attention et plus de proximité de par la dépendance physique naturelle des nouveau-nés.

La phase préscolaire (qui fait le pont entre la naissance de l’enfant et son entrée à la crèche ou à l’école maternelle) est essentielle pour le développement humain car elle correspond au moment où la figure maternelle joue un rôle fondamental vu que c’est la mère qui, normalement, prend soin du bien-être physique de l’enfant (rôle de caretaker).

L’influence du père pendant cette phase, comme à n’importe quelle autre phase du développement, celle-ci doit être perçue comme étant le résultat d’un ensemble de facteurs, à savoir : le rôle de la mère, la relation entre la mère et le père, la subculture spécifique à laquelle appartient la famille et leur classe sociale, (Layman, 1961).

Néanmoins, et malgré la différence notoire en termes de quantité de rapports, il semble n’y a avoir aucune différence significative entre le père et la mère en ce qui concerne la qualité des rapports, en particulier au niveau de la compréhension paternelle, de la stimulation, de l’affectuosité et de l’éducation, (C. Stewart, 1980). Cet auteur a constate que la participation du père dans les activités ludiques de l’enfant âgé de 30 mois, en corrélation avec la chaleur maternelle, était corrélée au développement intellectuel de l’enfant lors de situations d’évaluation.

Radin (1981), quant à lui, considère que l’engagement paternel, qui se manifeste par le rôle de  nourricier, a des implications au niveau du développement intellectuel et social de l’enfant, ce qui est d’ailleurs visible au niveau préscolaire.

MacDonald et Parke (1984), à partir de l’analyse des interactions entre des enfants âgés de 3 ans, ont pu vérifier l’existence, surtout chez les garçons, d’une relation entre la compétence d’établir une relation avec ses semblables et l’interaction verbale maternelle avec les activités ludiques paternelles de nature physique. Cela nous pousse donc à considérer que les activités ludiques entre un père et son enfant représentent un facteur d’apprentissage et de développement de compétences sociales chez l’enfant en âge préscolaire.

Toujours dans ce sens, MacDonald (1987) a constaté que les garçons qui recevaient peu d’attention de la part des autres garçons, à l’école maternelle, s’impliquaient moins dans les activités d’activation émotionnelle, à la maison, ainsi qu’à moins d’activités de caractère physique avec leur père.

Coppens (1985) s’est rendu compte que la capacité des enfants en âge préscolaire pour comprendre et distinguer ce qu’est la sécurité et le danger quant aux accidents était liée au  locus de contrôle du père, et non pas au  locus de contrôle  de la mère.

McBride et Austin (1986) ont remarqué que l’utilisation d’équipements techniques de la part de l’enfant dans les établissements préscolaires dépendait de l’importance que le père et l’éducateur attribuaient à ces équipements.

Galejs, King et Hegland (1987) se sont aperçus que la motivation pour le succès, chez les filles en âge préscolaire, dépendait des expectatives du père et non pas de celles de la mère.

Pendant cette phase primaire de développement, il subsiste une plus grande proximité/dépendance du bébé à l’égard de la figure maternelle, que ce soit pour des impératifs biologiques (comme l’acte d’allaiter), sociaux (liés au rôle social de  mère et de  père) ou légaux (licence que chaque élément parental a à sa disposition pour être avec l’enfant). Malgré toutes ces limitations, il est indéniable que le rôle précoce du père quant au développement de l’enfant en âge préscolaire est fondamental.