2.4.2 - L’influence du père sur le développement de l’enfant pendant la phase scolaire

L’entrée dans le monde scolaire (la crèche ou l’école maternelle) indique une période particulière quant au développement de l’enfant. Cette expérience fait que l’enfant découvre un nouveau monde, dans un mouvement d’expansion vers ses semblables et aux règles de la société, ce qui représente donc une première étape de libération par rapport à la famille. Quel est donc le rôle du père pour le développement de l’enfant âgé de 3 ans jusqu’à l’adolescence ?

Grâce à l’analyse des interactions des enfants âgés de 4 ans avec leur père, Radin (1976) a constaté que les résultats de ces enfants lors de tests d’intelligence étaient positivement associés au niveau de  nourricier du père.

Blanchard et H. Biller (1971) ont observé des enfants lors de leur 3ème année de l’école (CE2), leurs familles et leur rendement scolaire et ont ainsi vérifié l’existence de différences selon le niveau d’interaction entre le père et l’enfant. Ces chercheurs ont constaté que les garçons dont le père avait été classé comme appartenant à la catégorie  père très présent  (un père qui passe deux heures par jour avec son enfant) avaient de bonnes notes et de bons résultats quant aux échelles de réussite scolaire, tandis que les garçons dont le père appartenait à la catégorie père absent tardivement  (absence survenue après que l’enfant ait 5 ans) et ceux dont le père appartenait à la catégorie  père peu présent  (moins de 6 heures de contact par semaine) avaient des notes en-dessous de leur niveau scolaire lors des tests de succès académique. Quant á ceux-ci, leur comportement en salle de classe était évalué par les enseignants comme moyen ou inférieur. Les pires résultats ont été obtenus par les garçons dont le père appartenait à la catégorie  père absent de manière précoce  (absence avant que l’enfant ait 3 ans). Ainsi, ces résultats indiquent que les pères qui sont disponibles et qui participent ont un énorme impact sur le rendement scolaire de l’enfant.

Katz (1967) et Solomon (1969), à partir d’études sur la relation entre les pères et leurs enfants, ont découvert des données qui indiquaient une forte corrélation positive entre l’intérêt et l’encouragement paternel et le rendement scolaire de l’enfant à l’école primaire.

Radin, Williams et Coggins (1993) ont également vérifié que le niveau de participation des pères américains natifs quant à l’éducation de l’enfant (childbearing) a tendance à favoriser la réussite scolaire de celui-ci, que ce soit en termes académiques ou que ce soit en termes sociaux.

Wagner et Phillips (1992) ont observé des enfants lors de leur 3ème année scolaire pendant qu’ils travaillaient, à tour de rôle, avec leur père et avec leur mère, et ont constaté que la perception de la compétence académique était positivement associée à la chaleur paternelle  lors des tâches qui impliquaient un succès constant (dans un premier stade) et lors des tâches qui impliquaient soit des succès, soit des échecs (dans une deuxième stade), indiquant de la sorte que le père joue un rôle important quant au développement des auto-perceptions de l’enfant.

Bisnaire, Firestone et Rynard (1990) ont observé les effets du divorce quant aux enfants âgés de 9 à 15 ans. Ils ont ainsi pu vérifier que le groupe numéro 1 (composé d’enfants qui présentaient une baisse du rendement scolaire) se distinguait du groupe numéro 2 (composé d’enfants qui ne présentaient aucun changement en termes de rendement scolaire) dans un seul domaine : la quantité de temps du contact avec la figure parentale avec laquelle ils n’habitent pas (dans la plupart des cas, il s’agissait du père). Ainsi, ces résultats suggèrent que le contact entre un père et son enfant ont tendance à stimuler le rendement scolaire de l’enfant, grâce à l’intérêt et à la participation du père en ce qui concerne le rendement scolaire de l’enfant.

Barth et Parke (1992) ont constaté que la participation du père facilite l’adaptation initiale des garçons et des filles au contexte scolaire.

Elizur (1986) á vérifié que les enfants qui ont des problèmes lors de la première année scolaire obtiennent d’avantage de succès pendant la seconde année s’ils ont une relation proche avec leur père.

Une étude longitudinale réalisée par Koestner, Franz et Weinberg (1990) suggère que la capacité d’empathie avec les autres dépend, en partie, de la participation paternelle lors des années préscolaires.

Hoffman (1971) a étudié le fonctionnement moral des garçons au collège et a vérifié que les garçons qui s’identifiaient énormément à leur père avaient de meilleures évaluations dans des domaines tels que l’évaluation morale interne, les valeurs morales et la conformité aux règles, que les enfants qui s’identifiaient peu à leur père.

Radin (1982) et Sagi (1982) ont constaté que les garçons et les filles qui connaissent un niveau élevé de participation de la figure du père ont plus de probabilité d’avoir un locus de contrôle interne et d’assumer leur responsabilité quant aux actes qu’ils pratiquent.

Par rapport à l’identité du genre, H. Biller (1974, 1993) et R. Green (1987) ont constaté que l’inexistence d’un engagement paternel positive pendant l’enfance (en raison d’inaccessibilité, de négligence ou d’abus) contribuait à un développement incertain ou négatif de l’identité du genre entre les hommes et les femmes.

Rosenberg (1965) s’est aperçu que les adolescents qui avaient subi l’absence de leur père, pendant l’enfance, présentaient une faible auto-estime et cela par rapport à leurs camarades que n’avaient pas vécus cette absence.

Coopersmith (1967), celui-ci s’est rendu compte que l’auto-estime de l’enfant en sixième année scolaire était fortement influencée par la façon dont leur père était impliqué dans la définition de limites.

En 1986, Amato s’est mis en tête d’étudié la relation entre le père, la mère et l’enfant et l’auto-estime d’enfants âgés de 8 et de 9 ans et des jeunes âgés de 15 et de 16 ans. Les résultats obtenus indiquaient qu’une faible implication parentale était associée, de manière modérée et de manière forte, à l’auto-estime des enfants et des jeunes. Le niveau d’implication spécifique du père est apparu comme un facteur important qui justifiait les oscillations de l’auto-estime chez les enfants âgés de 8 et de 9 ans.

Finalement, Appleton (1981) a eu recours à un modèle d’interviews de nature clinique, visant à analyser l’impact précoce des rapports père/fille quant au développement personnel des femmes. Il a ainsi pu constater que plus de 75% des femmes qui indiquaient qu’elles avaient eu une relation positive avec leur père pendant leur enfance considéraient qu’elles étaient des femmes heureuses.