3.2 – La Théorie Psychanalytique

La Psychanalyse démontre un intérêt particulier en ce qui concerne la paternité et la figure du père, mais la notion de père assume une connotation bien singulière (J. Dor, 1989).

Selon C. Trono (1993), le père est quelque chose complexe, existant au pluriel puisqu’il s’agit d’une trilogie paternelle composée par trois entités distinctes : le père imaginaire, le père réel et le père symbolique. Le père imaginaire représente le père idéal, celui auquel nous aimerions tous nous identifier et que nous aimerions donc avoir comme référence. Le père réel est celui qui accepte les fonctions de celui qui prend soin, de celui qui cherche à assurer les besoins primaires de l’enfant, en procurant des ressources économiques qui permettent sa survie. Le père symbolique représente la pièce maîtresse car il est associé à la paternité symbolique. Cette figure est ainsi le symbole de la loi et celui qui l’interprète, en intervenant au niveau des lois qui permettent la survie de l’espèce humaine, c’est-à-dire, en agissant au niveau de l’interdiction de l’inceste et de la mort, suscitant donc l’émergence du Super-Ego.

Ainsi, la Psychanalyse perçoit le père plutôt comme une fonction symbolique et non pas comme une figure réelle, concrète, en chair et en os. Cette fonction paternelle  est donc considéré essentielle pour le développement de l’enfant et dépend des contingences sociales, n’ayant aucun fondement biologique, contrairement à la  fonction maternelle, (Widlocher, 1965).

En ce qui concerne la Paternité, la Psychanalyse établit encore une distinction claire entre la  fonction paternelle, le  rôle du père  et le  père en tant qu’individu.  La  fonction paternelle est universelle et opère au niveau du langage et de la parole. Elle est introduite par la figure maternelle et assume une efficacité symbolique. Le rôle du père advient du domaine social et fait référence à l’ensemble concret d’attitudes et de comportements que la famille et la société associent au père. Finalement, le père en tant qu’individu se rapporte à l’homme à qui l’on attribue le nom père, désigné à fin de certifier l’accomplissement de la fonction sociale au sein de la famille, devenant le père du sujet selon les normes sociales actuelles, (P. Guyomard, 1989 ; M. Segalen, 1981).

Toutefois, c’est évidemment la fonction paternelle qui est importante dans le domaine de la Psychanalyse par rapport à tous les autres concepts existants. Elle est symbolique et structurante, et « l’existence d’un homme n’est guère nécessaire pour qu’il y ait un père » étant donné que « la dimension du père symbolique transcende la contingence de l’homme réel » (J. Dor, 1989, p. 23).

C’est la mère qui assume le rôle principal quant à l’émergence de ce père symbolique, grâce aux échanges verbaux avec l’enfant lors du stade où celui-ci développe la capacité du langage. Plus que la présence physique du père, il faut que la mère fasse allusion à celui-ci, permettant, qu’il y ait une triangulation œdipienne, (F. Dolto, 1990).

La mère ne doit en aucun cas négliger de mentionner le père. Même si elle le fait de façon négative, la mère se doit de parler du père à l’enfant car celui-ci doit comprendre qui est son père même si sa mère a d’autres compagnons, (E. Sullerot, 1992).

On peut donc signaler que, selon la perspective psychanalytique, le plus important, c’est la  fonction et non pas l’homme ; cette fonction est universelle, symbolique et introduite par la parole de la mère et a pour principal objectif celui de représenter la Loi et d’empêcher la fusion entre la mère et l’enfant.

Même si la validité et l’utilité des hypothèses inhérentes à la  fonction paternelle  sont indéniables, surtout en ce qui concerne l’assomption de la loi et la représentation de l’autorité, il semble difficile d’accepter que l’homme réel, l’homme concret qui interagit tous les jours avec l’enfant, soit dispensable et qu’il ait peut d’importance au sein de la famille et par rapport au développement personnel.

Dans le domaine de la Psychanalyse, il y a deux auteurs qui se détachent en raison de leur perspective quant au thème de la paternité : S. Freud, de par la notion de Complexe d’Œdipe, et J. Lacan, de par le concept de Nom-du-Père.