3.2.1 - S. Freud et le « Complexe d’Œdipe »

S. Freud est le fondateur de la Psychanalyse et sa vaste œuvre littéraire fait maintes références à la paternité et au rôle du père. Dans l’œuvre intitulée Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud (1905) a introduit la notion de  Complexe d’Œdipe, lequel, selon lui, se manifeste pendant le stade phallique du développement psychosexuel, soit entre 3 et 6 ans, et pendant lequel les enfants sentent une forte attirance amoureuse vis-à-vis du parent du sexe opposé.

Par conséquent, les garçons expriment une attraction amoureuse par rapport à leur mère et cette attraction porte donc le nom de  Complexe d’Œdipe, tandis que les filles expriment une attraction amoureuse par rapport à leur père et cette attraction porte donc le nom de Complexe d’Électre.

D’autre part, et étant donné que le parent du même sexe se présente comme l’objet aimé du parent du sexe opposé, il y a une relation de concurrence et de rivalité entre l’enfant et le parent du même sexe. Les garçons perçoivent donc leur mère comme un objet sexuel et leur père comme leur rival, tandis que les filles perçoivent le père comme un objet sexuel et la mère comme leur rivale.

Lors de la dissolution de ce complexe, il survient alors l’acceptation de l’interdiction de cet amour, suscitée par la crainte de la castration, aboutissant à l’identification de l’enfant par rapport au parent du même sexe et au développement du  Surmoi  chez l’enfant, ainsi que le passage au stade suivant en termes de développement psychosexuel : la phase de latence.

L’existence de ce complexe semble être un moment essentiel, que ce soit en termes de développement personnel ou bien en ce qui concerne la construction de la personnalité ; le Complexe d’Œdipe poursuit donc sa fonction d’organisateur inconscient durant toute l’existence, et il faut donc qu’il y ait une mère (la figure du sexe féminin) et un père (figure du sexe masculin).

En ce qui concerne le père, en particulier, celui-ci assume, à ce stade, un double rôle différencié selon le sexe de l’enfant : en ce qui concerne les filles, il représente l’objet de l’attirance amoureuse, tandis qu’en ce qui concerne les garçons, il devient le troisième élément, celui qui s’interpose entre l’enfant et la mère, empêchant, de la sorte, qu’il y ait une relation fusionnelle.

En agissant de la sorte, il empêche l’accès à la satisfaction symbiotique que l’enfant recherche naturellement et unie, de manière indissociable, le  Désir et la  Loi, (G. Corneau, 1989).

Ainsi, il est évident qu’il n’y a pas d’expérience d’Œdipe s’il n’y a pas de père ou de référent symbolique, ce qui revient à dire que parler d’Œdipe, c’est le même chose que dire que la fonction du père est essentielle, (J. Lacan, 1958).

Bien qu’on considère qu’Œdipe soit possible en l’absence d’un père réel, cette absence semble être favorable à une approximation indésirable entre la mère et le fil, potentiellement dangereuse pour tous les deux, (J. Dor, 1989).

Le stade œdipien est donc une phase qui se détache du couple mère/enfant pour faire place à l’amour pour le père, au cours de laquelle les enfants des deux sexes célèbrent l’amour du père et cela détermine donc le passage du bébé à l’enfant. La résolution positive de ce complexe est un pas décisif quant à l’évolution et quant au développement psychique de l’enfant, car c’est cette résolution qui permet que le fils et la fille grandissent du point de vue mental. Le garçon, qui s’identifie sexuellement avec son père, le perçoit dorénavant comme un modèle à suivre, comme le représentant des normes et des valeurs sociales, car celui-ci est le plus fort, c’est  le gendarme. La fille, qui a eu une forte attirance amoureuse pour son père, s’aperçoit que cet amour est impossible mais que son père continue à être un exemple positif en ce qui concerne le sexe opposé et, pourquoi pas, comme modèle à rechercher dans une future relation amoureuse, (D. Dumas 1999).

A. Brandão (2007) en se rapportant aux idées freudiennes nous indique que le Complexe d’Œdipe  a certainement été l’un des concepts les plus pertinents et les plus valables de la Psychologie, pendant lequel la figure du père joue un rôle primordial, représentant de la sorte le moment où l’amour fusionnel quant à la figure maternelle est remplacé par l’amour du père. Ce changement structurel est ainsi une expérience marquante qui oriente la personnalité individuelle du sujet. C’est pendant l’élaboration de la crise œdipienne que se démarre la manifestation du Surmoi appuyé para la problématique de castration. Le  concept de complexe de castration, ne s'attache pas aux aspects anatomiques ou physiologiques du phallus. Il s’agit d’une formation psychique fabriquée à partir du développement de la sexualité infantile, du désir qu'elle provoque et de ses conséquences sur l'imagination, qui, avec le complexe d’Œdipe, est à l'origine du Surmoi.

 La phase de castration est promue par le pouvoir du père qui tente soumettre le comportement de l’enfant à l’autorité paternelle. Soit fille, soit garçon ont un intérêt à respecter la loi du père. Cette loi fonctionne comme l’argument primordial dans la construction/mise en place du Surmoi.  Si l’enfant pose des questions ou des manifestions en ce qui la difficulté/doute de sa sexualité, nous savons que nous sommes devant un sujet qui est en pleine crise de castration.  Il s'apprête sans doute à traverser une crise qui marquera sa vie d'adulte. Cette crise, c'est le complexe de castration ; de lui dépend la virilité ou la féminité de l’enfant. Une présence/absence du père peut accroître l'intensité de ce conflit qu'il doit résoudre. Le père doit participer à la résolution de ce conflit en aidant son enfant à le surmonter. Le père agissant en tant que constructeur du Surmoi fournit à son enfant, garçon ou fille, les éléments nécessaires pour que l’enfant puisse souhaiter devenir un père ou une mère, (dans son imaginaire), acceptant la loi du père qui fonctionne comme élément castrateur, mais symboliquement purificateur. C'est une action fondamentale pour éviter des futures psychoses et appuyer la mise en place d’un Surmoi organisateur d’une personnalité adaptée aux exigences de la société développée, (A. Green, 2007).  

Le complexe d’Œdipe représente un stade essentiel du développement psychologique humain, dont les ramifications accompagneront la vie des hommes et des femmes, en se manifestant, par la suite, lors de la recherche d’un futur partenaire du point de vue amoureux (par rapport auquel on recherche les caractéristiques du parent du sexe opposé), ainsi que lorsque le  fils  ou la  fille  deviennent père ou mère et vivent à leur tour cette expérience en tant que source d’attraction pour leurs progénitures.