3.4 – La Théorie de l’Apprentissage Social d’A. Bandura

Les origines de la théorie de l’apprentissage social remontent au Béhaviorisme et partagent son principe basilaire selon lequel les conséquences du comportement influencent sa répétition, mais altèrent et innovent dans le sens où certains processus cognitifs qui ne peuvent pas être observés de manière directe (comme les expectatives, les pensées et les croyances) ont une influence sur le comportement humain. A. Bandura a été le pionner de cette théorie, en conjuguant les principes comportementaux et cognitifs afin d’expliquer les comportements humains qui n’étaient pas suffisamment exploités du point de vue des théories classiques.

Selon une expérience réalisée en 1961, A. Bandura a soumis un groupe d’enfants âgés de 3 à 6 ans à l’observation de deux modèles adultes (un homme et une femme) qui donnaient des coups de pied et des coups de poing à une poupée gonflable (appelée « Bobo »), tout en criant. Un groupe expérimental a observé des modèles adultes agressifs, un deuxième groupe a observé des modèles adultes inhibés non-agressifs, tandis qu’un troisième groupe (le groupe de contrôle) n’a observé aucun modèle. Les résultats ont indiqués que les individus confrontés à des modèles agressifs reproduisaient une quantité d’agressivité similaire à celle des modèles et avec des valeurs significativement différences de celles des individus du  groupe non agressif et du groupe de contrôle (A. Bandura, 1961).

Ces résultats ont poussé A. Bandura à affirmer que certains comportements humains sont basés sur l’apprentissage vicariant, c’est-à-dire qui provient de l’observation du comportement (et des respectives conséquences) d’autres modèles, obéissant à quatre étapes : l’attention, la rétention, la production et la motivation.

A. Bandura a donc proposé une théorie générale de  l’Apprentissage Social, également appelée  apprentissage par l’observation  ou apprentissage vicariant, selon laquelle un comportement peut être appris sans avoir été réalisé auparavant et sans que le sujet n’ait reçu aucun soutien.

Selon A. Bandura, le comportement humain est fondé sur le principe du déterminisme réciproque, c’est-à-dire que l’acquisition de nouveaux apprentissages résulte de l’interaction de trois principes : (1) les comportements, (2) le contexte et (3) les cognitions (les actes internes qui influencent les perceptions et les actions).

Bien que cette théorie ne soit pas directement liée à la Paternité et au rôle du père quant au développement humain, elle mérite d’être mentionnée vu qu’elle affirme que le comportement humain dépend de nombreux facteurs, en mettant l’accent sur le fait que le modelage est important en ce qui concerne la genèse des comportements humains. De cette façon, et en ce qui concerne le processus de modelage, les caractéristiques du modèle sont un facteur prépondérant quant à la formulation de comportements, à savoir (1) son statut et son prestige, (2) sa compétence et (3) la valence affective qu’il représente.

Cette théorie met l’accent sur l’importance de modèles vivants pour le comportement humain et, de cette façon, nous pouvons considérer que les figures parentales (le père et la mère) représentent, dans la plupart des cas, des modèles comportementaux idéaux pour leurs enfants.

Ainsi, on peut considérer que si un père est présent, s’il interagit fréquemment et de manière positive avec son enfant (s’il s’avère être une personne ayant du prestige, étant compétente et avec une valence affective), il sera alors une figure de référence par rapport à laquelle l’enfant pourra  puiser une panoplie de valeurs, d’attitudes et de comportements qui faciliteront non seulement son insertion sociale, ainsi que tout son développement personnel.

De même, son absence peut être considérée comme étant extrêmement significative car, lors de la dissolution d’une famille, il y a tendance à avoir une absence de modèles qui pourra, par la suite, aboutir à un apprentissage inadéquat des compétences sociales (notamment, la coopération, la négociation, le conformisme) nécessaires à un développement exemplaire, (M. E. Costa, 1994).

Ainsi, l’importance des parents, en tant que modèles primordiaux des enfants, se manifeste au jour le jour de par l’observation de comportements quotidiens qui contribuent au développement de valeurs et de comportements qui soutiennent la construction de la personnalité individuelle.

Quant au modèle qu’est le père, il nous semble que son importance se manifeste de manière supérieure en ce qui concerne les enfants du sexe masculin, surtout lors de la phase œdipienne et lors de la phase post-œdipienne, bien que son importance chez les filles ne doit en aucun cas être négligée. L’assomption du père comme le vrai modèle empêche que l’enfant ait besoin de rechercher d’autres figures de référence – les grands-parents, les oncles, les beaux-pères, les parrains ou les enseignants – auxquelles il peut aller puiser  des valeurs et des comportements qui servent de référence en termes comportementaux.

Le père en tant que modèle primordial, c’est quelque chose que nous souhaiterions tous, de manière idéale, pour tous les enfants et les jeunes dont le père assume une attitude individuelle, familiale et sociale adéquate, car, dans ces cas-là, il est probable qu’il puisse s’affirmer comme l’une des principales références (voire la principale) et comme modèle d’orientation tout au long de la vie du sujet.