4.2.4 - Identification sexuelle et orientation du rôle sexuel

Le père doit fournir à l’enfant une image d’identification suffisamment valable pour que celui-ci, surmontant le conflit temporaire hostilité/admiration, puisse parvenir à une acceptation complète de la virilité que le père symbolise (M. Porot, 1965).

Certains auteurs considèrent que le fait de n’avoir jamais reçu quelconque signe physique d’affection peut pousser les garçons à avoir peur de l’homosexualité et à avoir peur de devenir homosexuels, (Jackson, 1999).

P. Wallot (1988) considère que l’absence du père et de modèles masculins auprès de l’enfant peuvent provoquer certaines difficultés en termes d’affirmation de l’identité sexuelle.

G. Corneau (1989) explique que l’absence du père est beaucoup plus préjudicielle en ce qui concerne les garçons qu’en ce qui concerne les filles, car sa présence a pour but de permettre au fils d’accéder à son agressivité naturelle. Dans les cas où le père est absent, l’enfant a des difficultés à accéder à l’impulsivité associée au sexe.

Bien qu’on admette que le père représente, en général, le modèle d’identification sexuel de l’enfant du sexe masculin, il n’y a aucune certitude absolue quant aux effets de l’absence (ou de la carence) d’un père en ce qui concerne le développement de l’identité sexuelle de l’enfant.

Santrock (1963) a étudié l’absence du père et l’identification sexuelle, ayant recours à 60 enfants (des garçons et des filles) afro-américains, originaires de groupes socio-économiques défavorisés, âgés de 4 et de 5 ans. Il a pu vérifier que les garçons dont le père était absent étaient beaucoup plus efféminés, moins agressifs et plus dépendants que ceux dont le père n’était pas absent. Il a également constaté qu’il n’y avait aucune différence significative par rapport aux filles des deux groupes. Ce qui est curieux, c’est qu’en ce qui concerne les enfants dont le père était absent, ceux qui avaient une figure paternelle de substitution dépendaient beaucoup moins des adultes que ceux qui n’en avaient aucune.

Ces résultats, ainsi que les résultats obtenus par Hetherington (1966), vont à l’encontre de la théorie du sex-typing, selon laquelle, étant donné que le fils d’un père absent n’a aucun modèle pour copier les comportements typiques des personnes du même sexe, celui-ci présentera, très certainement, une déficience par rapport à la mise en œuvre de comportements typiques.

Selon H. Biller et Borstelmann (1967), le rôle sexuel présente trois aspects qui doivent être pris en compte : (1) l’orientation du rôle sexuel, qui correspond à la perception et à l’évaluation de la féminité ou de la masculinité du self , (2) la préférence du rôle sexuel, qui correspond aux préférences individuelles en ce qui concerne les symboles et les représentations du rôle sexuel qui sont socialement définies et (3) l’adoption du rôle sexuel, qui correspond au degré de masculinité et de féminité des comportements de l’individus, évalués par les  autres.

Pour H. Biller (1978), l’absence paternelle et l’encouragement maternel
à des comportements masculins suscitent des effets distincts dans ces trois domaines du rôle sexuel. Dans le cadre d’une étude réalisée en 1969 avec 34 enfants américains, caucasiens, âgés de 5 ans, qui fréquentent la maternelle (17 garçons avaient un père présent et 17 avaient un père absent), H. Biller a constaté que les garçons dont le père est absent étaient moins masculins que les garçons dont le père était présent en termes d’orientation du rôle sexuel, légèrement moins masculins quant à leur préférence sexuelle et également masculins en ce qui concerne l’évaluation générale de la masculinité. Par conséquent, l’absence du père affecte l’orientation du rôle sexuel (surtout si l’absence a lieu au cours d’une phase précoce du développement de l’enfant), tandis que l’encouragement maternelle d’enfants dont le père est absent interfère de manière positive en termes de préférence en ce qui concerne le rôle sexuel et l’adoption du rôle sexuel.

Bien qu’il existe des indices – pas complètement sûrs – qui indiquent que l’absence de la figure paternelle affecte négativement le développement de l’identification sexuelle, de l’orientation du rôle sexuel et de la manifestation de comportements typiques associés au genre, surtout en ce qui concerne les garçons et, surtout, ceux où il n’existe aucune figure masculine qui remplace le père.